Une étude clinique prospective menée dans le service de rhumatologie de l’hôpital Cochin (AP-HP), en partenariat avec le laboratoire Amgen, a pour objectif principal de développer de nouveaux marqueurs d’évaluation et de prédiction du risque de chute : 250 patients âgés de plus de 60 ans à risque élevé de fracture et de chute inséreront dans leurs chaussures, trois jours de suite à différents moments de leur suivi, des semelles dotées de 19 capteurs de pression et d’un détecteur de mouvement (gyromètre, accéléromètre), permettant le recueil d’une vingtaine de paramètres, téléchargés sur une plateforme via une application mobile, tels que : vitesse de marche et autres paramètres spatio-temporels (compteur de foulées, et leurs durées, cadence, longueur du cycle), paramètres d’asymétrie et d’équilibre (durée du simple appui, phase d’oscillation, etc.), répartition des pressions à chaque pas.

Il s’agit de « démontrer si la variation d’un de ces paramètres de marche est prédictive du risque, explique le Dr Karine Briot, investigateur principal de l’étude. Si un marqueur du risque de chute est identifié, on pourra proposer des thérapeutiques spécifiques, médicamenteuses ou rééducatives, et évaluer leur efficacité de manière personnalisée et rapide. Il s’agit aussi de savoir si cet outil intelligent va vraiment améliorer la prise en charge des personnes âgées de 75 ans ».

Disposer de paramètres quantifiés sur la manière dont marche le patient devient à la portée d’un service hospitalier, alors que l’analyse métrologique de la locomotion, de la posture et de la gestuelle grâce aux tapis de marche était jusque-là réservée aux services très spécialisés.

Des semelles connectées pour analyser la mobilité en vie réelle

« Les semelles vont permettre de suivre, en temps réel et à distance, la mobilité de nombreux patients afin de prévenir certains troubles qui peuvent entraîner la chute », poursuit Alexis Mathieu, cofondateur de la société FeetMe qui développe depuis 2013 des solutions d’analyse en ambulatoire des troubles de la mobilité, que ce soit pour l’évaluation, la rééducation ou le traitement. Ce dernier précise qu’« elles ont été initialement conçues pour les patients ayant une neuropathie diabétique, avec une perte de la sensibilité plantaire, pour mesurer les hyperpressions et appuis plantaires et alerter sur le risque de mal perforant ».

La mesure régulière à domicile de l’impact fonctionnel de la maladie sur la marche pourrait s’avérer utile dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (analyse de la marche lors du test des six minutes), l’insuffisance cardiaque, l’obésité, la sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, l’infirmité motrice cérébrale, la sarcopénie (mesure du risque de chute), l’artériopathie (réduction du périmètre de marche). On peut aussi analyser les performances sportives, ou encore développer des programmes de rééducation couplant cette technologie avec une stimulation externe pour améliorer la marche et l’équilibre des personnes handicapées et suivre leur évolution.

Par ailleurs, le dispositif connecté développé par la start-up Neurallys*, pour mesurer et enregistrer la pression intracrânienne en continu, entre en phase d’essais précliniques. Implanté devant la valve de dérivation ventriculo-péritonéale des patients ayant une hydrocéphalie, qu’elle soit néonatale ou secondaire, ce capteur mini-invasif, sorte de baromètre, aidera à l’autodiagnostic en cas de migraines ou de nausées, au suivi (historique des mesures) et à prévenir les dysfonctionnements de la valve.

*Start-up incubée à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière. 

En chiffres

Fractures ostéoporotiques

> À partir de 50 ans, une femme sur trois aura une fracture ostéoporotique au cours du reste de sa vie, et un homme sur cinq. 

> Un an après une fracture de la hanche, 80% des patients ont une perte d'autonomie, 30% un handicap à long terme, et 25% décèdent.

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