En 2016, 3,3 millions de diabétiques étaient traités en France, estime Santé publique France. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Avec 45 patients par an en moyenne*, le diabète de type 2 représente une part importante de l’activité des médecins généralistes, dont un fort volet de coordination sur la surveillance des complications. Cette synthèse est parfois difficile** : 54 % des diabétiques ont bénéficié, en 2016, des trois dosages d’HbA1c annuels recommandés, 86 % de la créatininémie, 28 % de l’albuminurie ou de la protéinurie. D’autant que seuls 57 % des médecins effectuent une gradation podologique pour leurs patients.
Face aux difficultés à centraliser les informations concernant le suivi des patients, les centres de santé de Pantin ont mis en place, en 2015, un centre de jour du diabète. Une prise en charge pluriprofessionnelle – remboursée à 100 % – est proposée sur une demi-journée : examens de biologie, électrocardiogramme, rétinographie, consultation dentaire, bilan podologique, entretien avec une infirmière d’éducation au diabète ou Asalée… Un bilan évalue le grade podologique, propose des conseils personnalisés et permet de repérer tout besoin en soins de pédicurie pour un pied diabétique de grade 2 ou 3.
Le bilan buccodentaire identifie les besoins en soins. Et les rétinographies, réalisées par une orthoptiste, sont envoyées à l’hôpital Lariboisière (AP-HP) pour interprétation. Les images et comptes-rendus scannés sont inclus dans le dossier médical partagé. Une semaine après son passage au centre de jour, le patient est revu par le médecin traitant, qui visualise l’ensemble des résultats d’examens dans le logiciel métier.
Entre proximité et difficulté
Depuis sa création, le centre de jour connaît une fréquentation croissante : 52 patients en 2016, 125 en 2017 et 156 en 2018 (37,8 % en étaient à leur deuxième visite). Depuis 2017, 93,2 % des patients ont eu une prise de sang, 88,9 % se sont vu proposer une rétinographie, 87,9 % ont bénéficié d’une consultation pédicurie, 93,6 % ont subi un électrocardiogramme et 70,1 % ont eu une consultation dentaire. La majorité sont suivis au centre Cornet, dont 46,5 % des patients diabétiques de type 2. En 2018, 55 % des patients avaient réalisé l’ensemble des examens proposés au centre de jour : prise de sang, rétinographie, électrocardiogramme, consultation pédicurie et consultation dentaire.
« Le centre de jour atteint en revanche ses limites en termes de prise en charge », explique le Dr Didier Duhot, médecin directeur des CMS universitaires de Pantin. Seules deux matinées y sont consacrées par semaine, « en raison de la disponibilité des professionnels de santé. En 2018, nous avons accueilli 156 diabétiques sur les quelque 500 éligibles, notamment en raison des problèmes de transport entre les CMS Ténine et Cornet et le centre de jour, poursuit-il. Se pose aussi la question du coût de réalisation car une partie des examens ne sont pas pris en charge par la CPAM, notamment le bilan podologique ou l’entretien de l’infirmière d’ETP. Nous aimerions aussi proposer une consultation avec un diététicien mais, là encore, c’est à la charge du patient ou de la collectivité… »
Courant 2019, les « professionnels de santé, du médico-social, et du social, libéraux et salariés de Pantin » ont créé une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) « pour favoriser le travail entre professionnels et faciliter la prise en charge. En 2020, notre objectif est d’ouvrir le centre aux patients des médecins libéraux, de proposer des délais raisonnables et de parvenir à un coût acceptable pour la municipalité », espère le Dr Laure Bizeau, médecin généraliste responsable des actions de santé.
* Chiffres de l’Observatoire de la médecine générale de la Société française de médecine générale.
** Résultats de l’étude Entred (Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques) réalisée en 2016.