Première région sur le nombre de contrats « assistants médicaux » signés (200, soit 20 % du total en France), engagement numérique (20 % des médecins généralistes ont alimenté un dossier médical partagé), bonne implantation des CPTS (70 projets recensés)… La région Occitanie est « dans une excellence dynamique », s’est réjoui Philippe Trotabas, directeur de l’Assurance maladie de l’Hérault, et l’exercice pluriprofessionnel coordonné est un « élément essentiel pour répondre aux problématiques de santé sur le long terme (prise en charge des pathologies chronologiques) et le court terme (positionnement des acteurs dans une crise sanitaire) ». Ce que concède Pascal Durand, directeur du premier recours et directeur des projets à l’ARS Occitanie, certain que « la façon d’exercer d’hier et d’aujourd’hui ne sera pas la même que demain ».

Quelle place pour les nouveaux métiers ?

Et en cela, l’évolution professionnelle et la mise en place des nouveaux métiers au sein des équipes de soins primaires permettent de repenser les habitudes et la prise en charge. Infirmière en pratique avancée (IPA), Adeline Cancel prend en charge les pathologies chroniques stabilisées, aux côtés du Dr Francesco Badini, médecin généraliste à la MSP de Saint-Pons-de-Thomières (34). « Une IPA s’inscrit obligatoirement au sein d’une équipe, explique-t-elle. Elle a une activité de “consultation” – bien qu’on ne puisse pas vraiment utiliser ce mot – et agit suivant un protocole de collaboration. Ainsi, en lien avec le Dr Badini, qui me présente au patient, je le rencontre pendant une heure et j’établis le bilan clinique : recherche de facteurs de risque et de complications, état des lieux nutritionnel, conditions d’hygiène, modes et qualité de vie, aides sociales… Et j’active des leviers en fonction de cette anamnèse. »

 

Logo Forms
La nouvelle identité graphique de la Forms a été dévoilée le 3 octobre.

 

Un atout tant pour le médecin que pour le patient, explique Francesco Badini, partie prenante de ce binôme depuis huit mois : « En une heure, Adeline fait un diagnostic global des problématiques. Ce qui me permet de mieux comprendre les déterminants de l’état de santé du patient, du couple, de la famille, de l’aidant... Et m’amène à avoir une attitude plus réflexive et, à terme, à améliorer la prise en charge et à rendre le patient plus autonome. » Une cogestion IPA-médecin-patient qui peut inclure les autres professionnels ou les acteurs du médico-social. « L’IPA s’adapte à son territoire et agit en fonction des éléments ressources. Mais elle va développer par exemple le volet coordination », poursuit Adeline Cancel, qui ne cache pas les difficultés d’implantation de ce métier encore « peu connu » malgré le décret paru en août 2019 : problèmes de communication, bug des systèmes d’information ou encore difficultés de facturation en raison de l’absence de numéro de prescripteur...

Des freins qu’a aussi soulevés le Pr Michel Amouyal, directeur du département de médecine générale de la faculté de médecine Montpellier-Nîmes : manque de places (150 dossiers reçus pour la formation, mais seuls 22 dossiers retenus alors que « tous les dossiers étaient excellents »), peu d’intérêt manifesté par les maisons de santé, problèmes de financement en libéral, difficile construction des parcours de soins car « le système de santé est encore en tuyaux d’orgue, et des passerelles qui se font difficilement entre l’ambulatoire et l’hospitalier », explique-t-il.

« Ce qui me gêne, c’est le “I” de IPA, car on est à mi-chemin entre le médecin et l’infirmière. Une IPA, c’est plus qu’une infirmière, et donc un nouveau métier qu’il faudrait presque nommer autrement… Pourquoi pas MPA ? », suggère Francesco Badini.

« On est dans une phase de transmutation culturelle », confie le Dr Michel Dutech, président de la Forms. Et la mise en place des communautés professionnelles de santé est un « mouvement de fond à accompagner car c’est une drôle de structuration. C’est une petite entreprise médicale, médico-sociale qu’il faut monter. Nous sommes des libéraux, donc tous des entrepreneurs. Mais entrepreneur en équipe, c’est une autre dimension », affirme-t-il.

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