Juin 2014. Sandrine Hanquier et Nicolas Desoubry se rencontrent à un mariage. "J’exerçais alors au sein d’un cabinet de masseur-kinésithérapeute dont j’étais locataire dans le Val-d’Oise, explique Sandrine. Et mon activité fonctionnait bien !" À l’époque, Nicolas, en fin d’études de médecine, finalisait, lui, sa thèse à Rouen. Sandrine, Parisienne d’origine, "n’a pas de souci pour bouger"... Et heureusement d’ailleurs, car "Nicolas vient de Normandie, et les Normands ont des problèmes avec la région parisienne", plaisante-t-elle. Après un an et demi à enchaîner les va-et-vient entre Paris et Rouen les jeudis et les week-ends, elle lui dit "qu’il doit faire des efforts". À la suite de plusieurs remplacements courant 2015, Nicolas s’installe, en janvier 2016, à Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise) en tant qu’assistant-collaborateur, mais sa Normandie natale lui manque. La décision s’impose : "Je n’avais aucun problème pour déménager, mais je voulais le faire pour un nouveau projet, quelque chose de plus grand. C’était ma condition", explique Sandrine.


Un projet à deux 

"Nous avons commencé par chercher un cabinet chacun de son côté, intervient Nicolas. Et on a découvert le village de Quincampoix à 15 minutes de Rouen. On a rencontré le pharmacien pour lui faire part de notre projet d’installation, et c’est lui qui nous a présenté le local de 300 m2 en face de son officine." Et Sandrine de poursuivre : "Lorsque nous avons visité ce bâtiment, nous nous sommes vraiment interrogés sur notre projet." D’autant plus que, vendu par la municipalité, il était à un prix avantageux, comparé aux autres locaux des promoteurs. Et il permettait aussi au couple de tendre vers les objectifs qu’ils s’étaient fixés : pour elle, s’investir dans un projet "plus grand", pour lui, exercer en groupe. "J’ai toujours envisagé une installation avec, au minimum, deux ou trois médecins, afin de maximiser les échanges et pour une grande coordination", fait savoir le praticien. Cette opportunité d’achat finit par les décider : ils se lancent dans la construction d’une maison de santé et osent le pari du pluriprofessionnel.

Si les banques suivent le projet, de nombreux travaux, étalés de septembre 2017 à février 2018, doivent être effectués pour rendre le futur local opérationnel. En parallèle, le couple se lance dans des projets plus personnels : un premier enfant, Lou, en septembre 2016, le mariage en 2017, et un petit Maël, en mai 2018. "La maison de santé, c’est notre troisième bébé, reconnaît Nicolas. Il faut prendre de nombreuses décisions sur le plan administratif et organisationnel, notamment concernant les travaux, l’agencement, les professionnels de santé à 'recruter'… Ce qui a nécessité beaucoup d’échanges entre nous. Notamment à la maison."

Une création qui a parfois empiété sur le temps personnel du couple. "Ça n’a pas toujours été facile car nous ne sommes pas des professionnels du bâtiment, ni des ressources humaines, reconnaît la kinésithérapeute. Mais comme j’étais en congé maternité en 2018 à la suite de ma deuxième grossesse, cela m’a permis d’aller régulièrement sur le chantier, aux côtés de Nicolas, pour observer l’avancée des travaux et intervenir si besoin en cas de problème." D’autant que la répartition des tâches est bien établie. C’est Sandrine qui gère l’agencement intérieur de la structure, "une mission quand même un peu 'costaud' notamment dans les rapports avec les entrepreneurs". Nicolas, lui, s’occupe de l’administratif du chantier et "gère la partie administrative et comptable de la MSP et de la société civile de moyens". "Il est très 'carré', alors que je suis plutôt quelqu’un de terrain, poursuit Sandrine. Je me suis donc occupée des crédits pour l’investissement, et lui de la compta’ au quotidien. Nous avons chacun nos points forts et nos points faibles et, surtout, nous nous faisons confiance. Quand l’un n’en peut plus, l’autre prend le relais. C’est ainsi que nous avons réussi à nous soutenir tout du long du projet."

Être en couple est un vrai plus au moment de créer une MSP, "c’est un équilibre", confie Nicolas. D’autant que "l’idée de travailler ensemble a vraiment été motivante". Il confesse d’ailleurs qu’il ne se serait jamais lancé seul dans un tel projet, "car c’est trop lourd à faire reposer sur les épaules d’une seule personne. En plus, il s’agit d’un important investissement financier. J’avoue que j’étais frileux, mais Sandrine était plus déterminée". "C’est aussi parce que j’ai tout de suite pensé que l’achat des murs de la MSP nous permettait de nous organiser pour notre retraite, explique sa compagne. Certes, nous avons investi sur vingt ans, mais nous sommes désormais propriétaires." Le couple a même fait appel à un avocat fiscaliste pour l’organisation des parts des enfants.


Une MSP, une famille

Aujourd’hui, la MSP Aqua santé de Quincampoix se compose de huit bureaux regroupant 12 professionnels de santé, et la société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa) se met actuellement en place sous l’égide de Nicolas. Quant au choix des soignants de la structure, locataires des locaux, c’est Sandrine qui s’en est chargée : "Nous nous sommes concertés sur les différents profils que nous voulions compter au sein de la MSP (deux médecins généralistes et deux kinésithérapeutes), et j’ai enclenché le recrutement. Nous avons choisi de construire une piscine au sein de la structure et avons réfléchi aux professionnels susceptibles d’être intéressés par cet outil. Deux sages-femmes ont intégré l’équipe et assurent aujourd’hui la préparation à l’accouchement et l’éveil aquatique. Je suis aussi ostéopathe mais, avec la piscine, je savais que je n’aurais plus le temps de pratiquer." Deux ostéopathes font donc désormais partie de l’aventure tout comme une psychologue et deux ergothérapeutes. "Nous constituons un bon groupe, estime Nicolas. Il a fallu une année pour bien souder l’équipe, mais chacun a trouvé ses marques, sans aucun lien hiérarchique entre nous. Nous sommes comme une famille. Nous avons de la chance."

Le couple a-t-il craint de travailler ensemble ? "Absolument pas. D’abord parce que nous avons des métiers complémentaires. Dans le parcours de soins, les médecins ont besoin d’être entourés de professionnels de santé pour une prise en charge globale." L’agencement de la maison de santé y est aussi pour beaucoup. Les 300 m2 sont répartis en deux ailes avec le secrétariat au centre. "On ne se croise pas forcément, d’autant que notre rythme de travail est différent. Il nous arrive de nous faire un coucou vite fait dans la journée, mais on peut aussi ne pas se voir." Et à la maison ? Si Sandrine déconnecte automatiquement du travail, "Nicolas va davantage parler de ses patients. Mais il est vrai que si nous avons un souci avec un patient, nous abordons le sujet tous les deux", indique-t-elle.

L’emploi du temps est aussi bien rodé. "Je commence vers 9 h 30 car je dépose les enfants à l’école", avance Nicolas. "L’excuse ! taquine Sandrine. Même avant les enfants, tu commençais à 9 h 30." Celle-ci a d’ailleurs revu son planning depuis l’ouverture de la maison de santé pour consacrer plus de temps à leurs enfants en bas âge. Les week-ends sont consacrés à leur famille et aux activités : sport, musique, temps personnel et temps à deux… "On vient également d’acheter notre maison. Maintenant que tout est construit et lancé, nous sommes dans cette phase où tout roule."

Bios express

Sandrine

1983 : naissance à Paris

Juillet 2007 : obtention du DE de masseur-kinésithérapeute et installation en libéral

Février 2018 : ouverture de la MSP

 

Nicolas 

1985 : naissance à Vernon (Normandie)

Octobre 2014 : obtention de sa thèse de médecine générale

De janvier 2016  à juillet 2017 : première installation en libéral dans un cabinet libéral pluriprofessionnel

Septembre 2017 : installation à son compte dans le centre-ville de Quincampoix puis transfert à la MSP Aqua Santé de Quincampoix en février 2018

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