L'avis du Comité technique de l'innovation en santé (CTIS) et celui du Conseil stratégique de l'innovation en santé (CSIS), rendus respectivement les 22 septembre et 14 octobre dernier, ont conduit à la fin de l'expérimentation article 51 "ChikTambouyé". Porté par la maison de santé pluridisciplinaire universitaire "Les Mouffias" en Guadeloupe, visait à améliorer la prise en charge des patients atteints de Chikungunya chronique, en coordonnant des soins pluridisciplinaires de proximité. 

Le dispositif répondait à une problématique de santé publique reconnue et bien identifiée, celle des douleurs articulaires persistantes après une infection au Chikungunya, qui toucheraient entre 25.000 et 50.000 personnes en Guadeloupe. L'expérimentation proposait un parcours de soins structuré avec des bilans médicaux pluridisciplinaires, de l'activité physique adaptée, de l'éducation thérapeutique, un accompagnement psychologique et un suivi personnalisé sur deux ans. 

L’évaluation, dont le rapport a été remis en octobre 2025 a démontré que les patients ont perçu des bénéfices réels, notamment une meilleure reconnaissance de leur souffrance et une amélioration de leur qualité de vie (près de 77 % d’entre eux déclaraient se sentir mieux deux ans après leur inclusion). Cependant, plusieurs limites structurelles sont apparues, notamment la faible observance des patients (près de la moitié n’a pas terminé le parcours), la coordination insuffisante entre professionnels de santé, un modèle économique inadéquat, et une organisation logistique lourde difficilement reproductible à grande échelle. 

Dans son avis, le CTIS et le CSIS estiment que si le dispositif et son modèle, tant organisationnel qu'économique, ne s'avèrent pas généralisables en l'état, ils pourraient inspirer la structuration de la prise en charge de la douleur chronique en ville, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé. L'ancienne expérimentation pourrait également permettre d'élaborer et de structurer ce modèle, reproductible à l'ensemble du territoire, et d'intégrer la prise en charge du Chikungunya chronique. Le CTIS et le CSIS recommandent ainsi que les enseignements de cette expérimentation soient intégrés dans la construction d’une offre de soins de premier niveau pour la douleur chronique, plutôt que de créer une filière dédiée au Chikungunya. Ils soulignent également la complémentarité avec d’autres initiatives, comme l’expérimentation "Resalgo", lancée fin 2024. 

 

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