
Accepter d'être bousculé, interrogé, critiqué
Analyse, décryptage et réflexion sur l'organisation des soins primaires.
Analyse, décryptage et réflexion sur l'organisation des soins primaires.
Patient, qui es-tu ? Que fais-tu ? Que veux-tu ? Quel binôme peut-on dessiner ensemble ? Depuis les dernières lois successives (de la loi Kouchner de 2002 jusqu’à tout récemment le plan « Ma Santé 2022 » en 2018), le rôle du patient est encouragé au sein des équipes soignantes. Favorisé par les directives ministérielles donc, mais aussi par les professionnels de santé – bien que quelques résistances persistent – et les patients eux-mêmes.
Pourquoi, en tant qu’usager, choisir de s’investir auprès d’une équipe ? Pour « arriver à se situer dans l’univers du soin dans lequel on évolue », nous a confié Delphine Blanchard, « patiente (im)patiente », dont les multiples casquettes – patiente chronique, patiente partenaire, blogueuse – lui ont donné le goût du collectif. Le patient, cet être qui, étymologiquement (du latin patiens), « souffre », « endure » et « subit » n’est plus. Lui, patient passif, s’est progressivement dépouillé – pour beaucoup, c’est encore un long processus – de ce statut d’objet du soin pour embrasser celui de sujet, d’acteur ou plutôt de coauteur, selon la magnifique formule de Jean-Marc Blanc, directeur de la Fondation i2ml.
Une participation grandissante du patient, de l’usager (au sens le plus large) ou du bénéficiaire (pour reprendre la terminologie de l’Assurance maladie) dans les instances de gouvernance, d’organisation ou de gestion des services hospitaliers, des maisons de santé pluriprofessionnelles et des centres de santé. Ce patient est aujourd’hui expert ou partenaire ou aidant ou ressource ou accompagnateur ou formateur auprès de l’équipe ou auprès d’autres patients… Mais aussi un « acteur du rétablissement », comme se définit Jean-Luc Plavis, patient chronique et cocréateur, avec un médecin et un pharmacien, de la MSP des Chênes à Suresnes. Son rôle : accompagner des patients complexes « en situation de psychotraumatisme, notamment sur le vivre-avec, dans sa dimension sociale, familiale, professionnelle, médicale ».
Le patient est une voix. La sienne mais aussi celle de tous les autres, les anonymes ou les plus affirmés. Une voix qui permet, si on tend l’oreille, d’analyser sa propre organisation des soins, de repérer les couacs dans la prise en charge, de s’interroger sur la réponse à donner aux besoins du territoire… La première étape ? Ouvrir la porte. La deuxième ? Accepter d’être bousculé, d’être interrogé, d’être critiqué. Pour atteindre l’objectif commun. C’est (aussi) ça, faire « équipe ».