Concrètement, à son 4e passage* dans l’année au service des urgences du CHRU de Nancy, le patient est identifié et automatiquement recontacté par le DAC (dispositif d’appui à la coordination) 54 (Meurthe-et-Moselle) qui lui propose, avec son accord, un rendez-vous à son domicile. Le premier rendez-vous se fait en général avec un médecin et une infirmière, recrutée à temps plein pour le dispositif. Selon sa situation ou sa pathologie, le patient se voit proposer un plan d’actions via un Plan personnalisé de coordination en santé (PPCS) avec les différents acteurs de la ville. À partir de l’analyse des quatre dossiers des urgences issus du système d’information, on cherche à obtenir le maximum d’informations pour analyser le parcours de la personne et essayer de comprendre son comportement. Le but est aussi de connaître son milieu de vie et de prendre contact avec son cercle de soins.
Une fois ces informations récoltées, tout type de service peut être envisagé : une hospitalisation à domicile, une mise en contact avec un travailleur social, une structure d’aide à domicile, un juge... "Le but du dispositif est de mieux comprendre ces malades complexes, précise Romain Hellmann. Ils peuvent avoir des addictions, des maladies chroniques sous-jacentes, connaître des conditions socio-économiques modestes et avoir un médecin traitant. Mais ils passent sous les radars ! Le but est de les accompagner, d’avoir un impact global et de donner du sens à leur parcours en activant tout l’écosystème des acteurs de santé." Et pour cela, il faut bien connaître cet écosystème.
Dans le Grand Est, le DAC 54 répondait à tous les critères comme ceux de disposer d’une équipe pluriprofessionnelle et d’assurer une bonne articulation avec tous les acteurs du soin et du médico-social. Aujourd’hui, le dispositif qui s’est fixé comme objectif une réduction de 20 % du nombre de passages aux urgences des UFU est en cours d’évaluation et les résultats sont attendus pour début 2025. "Il ne faut pas chercher à transposer le dispositif in extenso, ajoute Romain Hellmann. Il faut l’adapter car nous sommes dans l’humain. Il faut trouver à chaque fois le bon acteur qui a les compétences reconnues pour cette mission." Cela peut être un DAC, une CPTS ou un PASS en fonction du territoire. Mais toujours dans l’objectif d’apporter une réponse globale à une personne en l’orientant vers un parcours de soins adaptés grâce à un réel "continuum ville-hôpital".
NOTE
1. Trois classes d’âge sont davantage concernées par une utilisation fréquente des urgences : les 0-2 ans, les 20-30 ans et les plus de 65 ans. Le nombre de 4 passages, issu de la littérature scientifique, a été retenu dans l’expérimentation, mais il pourrait passer à 6 pour les deux premières classes d’âge selon les résultats obtenus.