Près de la moitié (44 %) des salariés de structures de plus de 10 salariés estiment fréquentes les pratiques addictives dans leur milieu professionnel. C’est le résultat d’une étude Elabe pour GAE Conseil(1), réalisée en septembre 2019. Les catégories socioprofessionnelles plus précaires et les secteurs caractérisés par un travail plus physique ou par la solitude (transport routier), sont plus touchés par cette impression.

Or les pratiques addictives concernent tous les secteurs d’activité(2). Les substances psychoactives sont l’une des principales causes d’accidents, qu’ils se produisent sur le lieu de travail ou à l’occasion d’accidents routiers lors des déplacements et trajets professionnels. Entre 10 et 20 % des accidents du travail seraient par exemple directement liés à l’alcool. Si ces chiffres, émanant d’une expertise collective de l’Inserm de 2003, reposent sur des études peu précises de l’aveu des auteurs, ils se situent dans une fourchette communément admise dans la littérature internationale(3).

Les missions de prévention et d’information sur les pratiques addictives en milieu professionnel incombent aux services de santé au travail (SST), dans un objectif double de sécurité et de santé. Mais l’étude réalisée par Elabe fait également ressortir un manque apparent de solutions pour les salariés(4). Dans les situations où ils seraient les témoins d’un problème d’addiction dans leur entourage professionnel, ils sont nombreux (70 %) à se déclarer mal informés sur l’attitude à adopter.

Il est également intéressant de noter que ce ressenti augmente avec la taille de l’entreprise (64 % dans les entreprises de moins de 250 salariés, 75 % dans les entreprises de plus de 1 000 salariés), et qu’il varie en fonction des secteurs. L’industrie (78 %), le commerce (76 %) ou la finance, l’assurance et l’immobilier (75 %) semblent offrir moins de solutions.

Dans ce genre de situation, les personnes sondées ne sont que 52 % à citer la médecine du travail comme interlocuteur privilégié, et elle n’est le premier choix que pour 14 % d’entre elles (contre 19 % pour un supérieur hiérarchique, et 31 % pour un proche du collaborateur). Dans le secteur public, la proportion monte à 59 %.

POINT JURIDIQUE

• Alcool

« Aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n’est autorisée sur le lieu de travail » (article R. 4228-20 du code du travail). Cet article du code du travail précise que des mesures de prévention sont à mettre en place par l’employeur lorsqu’il estime que la consommation d’alcool présente un risque pour la santé et la sécurité de ses salariés. Ces mesures « proportionnées au but recherché » et inscrites dans le règlement intérieur ou une note de service peuvent aller jusqu’à une limitation ou une interdiction des boissons alcoolisées. « Une convention ou un accord collectif de travail ou le contrat de travail ne peut comporter de clauses prévoyant l’attribution, au titre d’avantage en nature, de boissons alcoolisées aux travailleurs. Ces dispositions ne s’appliquent pas aux boissons servies à l’occasion des repas constituant un avantage en nature » (article R. 3231-16 du code du travail). En revanche, pas de caisses de bouteilles en guise de primes de fin d’année chez les exploitants champenois, par exemple.

• Vapotage

Depuis le 1er octobre 2017, le vapotage est interdit sur le lieu de travail… à deux exceptions près ! Contrairement à la cigarette, le vapotage est autorisé dans des locaux extérieurs (cour, toit), mais aussi dans un bureau séparé, particulier et fermé (en l’absence de mention contraire dans le règlement intérieur). Il est également autorisé dans les locaux accueillant du public (article R. 3513-2 du code de la santé publique).

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