Article publié dans Concours pluripro, novembre 2022

Réduire le temps passé dans les transports, rendre les salariés plus autonomes, leur permettre de travailler dans un environnement plus calme, limiter les risques de burn-out… autant d’avantages qui sont attendus du télétravail, rendu possible ces dernières années grâce aux outils technologiques et numériques. Mais cette pratique a aussi des "défauts", parmi lesquels la solitude et l’isolement des salariés… ce qui a parfois des répercussions sur la santé psychologique. Dans deux enquêtes parues cette année, la Dares (Télétravail durant la crise sanitaire et Les conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail selon les métiers) apporte des éclairages sur le télétravail et révèle qu’il aboutit régulièrement à des horaires décalés et des durées de travail allongées, davantage de douleurs et de troubles du sommeil, et un manque de soutien moral.

Pour Éloïse Mallaret, psychologue du travail à l’Ametra06, association de la médecine du travail des Alpes-Maritimes, les risques psychosociaux liés au télétravail sont plus importants pour les femmes que pour les hommes : "Elles souffrent davantage d’exigences émotionnelles, ressentent plus les tensions au travail et ont plus de difficulté à concilier le temps personnel et professionnel." Quant à la rupture du lien social, a-t-elle expliqué en avril dernier lors d’une conférence de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) sur les risques psychosociaux dans le cadre du télétravail , elle n’est pas ressentie de la même façon si le télétravail se fait deux ou trois jours par semaine ou à 100 % (comme c’est le cas pour 5 % des salariés). "On a besoin de relations humaines. Quand on travaille chez soi, on est isolé physiquement de ses collègues, on ne communique avec eux que par courriel, visioconférence ou téléphone, ce n’est pas pareil. Et puis il n’y a plus de sentiment d’appartenance au collectif", poursuit-elle, pointant également une forte tendance au "présentéisme" en télétravail : "On constate que les personnes qui ne sont pas en capacité de travailler, qui sont malades, vont continuer à travailler malgré tout. Elles ne bénéficient pas du même soutien qu’au bureau, où des collègues pourraient être alertés par leur état et les encourager à aller voir un médecin."

Valérie Langevin, experte d’assistance conseil sur les risques psychosociaux à l’INRS, psychologue du travail de formation, a insisté, pour sa part, sur "l’augmentation de la charge de travail rapportée par les télétravailleurs" expliquant qu’"il y a un enchaînement de longues journées de travail, ponctuées par des difficultés rencontrées avec l’utilisation des outils numériques et la complexification des interactions sociales : aller chercher l’information auprès du collègue dans le bureau d’à côté n’est plus aussi simple".

Plus ou moins ?

Le télétravail, fortement utilisé depuis la crise Covid, reste une réalité pour 26 % des salariés français, dont 5 % le pratiquent à temps plein. Pour 63 % des télétravailleurs, cela représente deux jours par semaine. Près de 25 % des entreprises affirment que les salariés aspirent à télétravailler davantage, quand 5 % disent qu’ils veulent moins télétravailler.

Source : Dares

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