Article publié dans Concours pluripro, février 2022

En Corrèze, si l’offre hospitalière et médicosociale est satisfaisante, il n’en va pas de même pour l’accès aux soins de proximité en médecine générale : une très grande partie de ce territoire de 240 000 habitants est classée en zone déficitaire par l’ARS Nouvelle-Aquitaine. On ne compte ainsi que 1 médecin pour 2 500 personnes sur le plateau de Millevaches ; à Brive, ville la plus peuplée du département, les départs à la retraite se multiplient... Pour remédier à cette désertification médicale, des moyens importants ont été mis en place depuis 2017, notamment avec le plan Ambitions Santé Corrèze doté d’une enveloppe de 1 million d’euros par an pendant six ans. Le 26 novembre 2021, celui-ci entrait dans sa deuxième phase.

 

Être mobile

Le plan repose d’abord sur la création de Corrèze Santé, un centre départemental de santé, situé dans la commune d’Égletons, qui, à terme, déploiera une vingtaine de médecins (à ce jour 14 généralistes et 1 gériatre ont été recrutés grâce à une large campagne) ainsi que des infirmières en pratique avancée (IPA) dans les zones déficitaires. Ce centre a une position centrale en Corrèze et un accès autoroutier direct. Il compte déjà six antennes, dans les bourgs de Neuvic, Meymac, Bort-les-Orgues, Sornac, Ussel et Treignac, mais c’est au siège que l’on retrouve une équipe administrative de trois personnes assurant le secrétariat médical et la gestion administrative et financière centralisée.

Dans chaque centre de santé, des médecins, salariés par le conseil départemental, pratiquent le tiers payant. Arrivée en juillet dernier, le Dr M.*, 38 ans, témoigne : "Après avoir travaillé en région bordelaise comme libérale, j’avais très envie de vivre à la campagne, et d’avoir un statut salarié afin de bénéficier d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso." C’est en faisant des recherches en ligne qu’elle tombe sur le projet corrézien et contacte le Dr Alain Acker, médecin coordonnateur au centre de santé d’Égletons. "Cela a bien collé, et je suis venue m’installer rapidement. Au centre, je suis déchargée de tout ce qui concerne le secrétariat, la comptabilité, l’informatique... qui me fatiguaient en libéral, pour me concentrer sur mon exercice purement médical. La contrepartie étant d’être mobile sur les différentes antennes du centre si des besoins se font ressentir." Le Dr M., qui avait orienté sa pratique vers la gynécologie et la pédiatrie à Bordeaux, s’est facilement adaptée à sa nouvelle patientèle corrézienne, plus âgée, souvent polypathologique.

Autre point fort du plan, le soutien à l’implantation ou à l’extension de MSP et pôles de santé pluriprofessionnels. La Corrèze en compte actuellement une vingtaine. Pour faciliter leur développement, le département propose une aide à hauteur de 20 % de l’investissement (plafonnée à 100 000 euros par projet). Enfin, des mesures d’accompagnement financier ont été décidées pour les étudiants et internes en médecine (voir ci-dessous).

Les nouvelles mesures mises en route fin novembre concernent l’extension du centre de santé, avec l’embauche de nouveaux praticiens, et l’ouverture de nouvelles antennes. D’autres initiatives se concrétisent, comme le développement de la télémédecine, l’installation de cabines et de bornes de connexion, la création de fauteuils de dentistes itinérants, ainsi que le recrutement de personnel soignant. Des infirmières déjà en place seront formées à la pratique avancée pour activer une télémédecine utilisant des mallettes spécifiques afin de travailler en direct avec un médecin généraliste du centre de santé.

 

* Le médecin a souhaité garder l’anonymat.
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