Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025

"Chaque année, un peu plus de 5 000 nouveaux cas [de cancer du sein, NDRL] sont déclarés et la surmortalité est supérieure de 25 % à la moyenne nationale", souligne Saliha Grévin, directrice de l’offre de soins au département du Nord. Face à cette situation et sachant qu’un diagnostic précoce de cancer améliore très fortement les chances de survie, le département a financé (1,5 million d’euros) l’achat d’un camion pour le dépistage itinérant du cancer du sein. Baptisé Camion Nord Santé, le véhicule circule depuis début novembre sur les routes du département au rythme de deux journées de dépistage par semaine. "L’objectif est d’atteindre un peu plus de 4 000 dépistages sur un an", indique Saliha Grévin.

Le camion s’installe dans une ville le temps d’une journée, de 8h30 à 18h45, pour une capacité maximale de 39 rendez-
vous. Les créneaux sont gérés par l’Assurance maladie, qui contacte les femmes éligibles et repère celles qui n’ont pas répondu aux précédentes invitations. "Le camion s’adresse ainsi aux femmes qui ne viennent toujours pas se faire dépister, à cause, par exemple, de problèmes de transport ou de difficultés à accéder aux soins, souligne Saliha Grévin. L’objectif n’est pas de remplacer les radiologues mais de venir en complémentarité en allant directement vers les femmes éloignées du système de santé", ajoute-t-elle.

Huit communes, au moins cinq professionnels

Pour le démarrage du dispositif, huit communes ont été retenues : Fourmies, Sin-le-Noble, Watten, Caudry, Anzin, Hazebrouck, Croix et Onnaing. "Ces lieux ont été choisis en priorité du fait d’indicateurs dégradés, avec un taux de dépistage du cancer du sein particulièrement faible, un indice de précarité élevé, ainsi qu’une offre de soins localement limitée, notamment au niveau des centres d’imagerie médicale", développe la directrice de l’offre de soins.

Le camion fonctionne comme un véritable cabinet de dépistage, avec une assistante médicale, un médecin généraliste, un manipulateur radio, un radiologue et une infirmière en pratique avancée (IPA), tous présents physiquement pendant la journée. La majorité viennent des Maisons Nord Santé, gérées par le département du Nord, où ils sont salariés. Le dispositif est d’ailleurs juridiquement rattaché au centre de Cuincy, qui fournit l’essentiel de l’équipe. "Il s’agit bien d’une équipe de soins primaires qui se déplace sur le territoire", insiste Saliha Grévin. Les radiologues, eux, sont ceux du territoire, exerçant en salariat ou en libéral. En fin de dépistage, l’IPA reprend l’ensemble des éléments du dossier médical. Elle organise les éventuels examens complémentaires et oriente la patiente si nécessaire vers une Maison Nord Santé ou une CPTS. Outre le dépistage, le but est aussi de réintégrer les personnes dans un parcours de soins, sachant que de nombreuses patientes prises en charge dans le dispositif n’ont plus de médecin traitant. En novembre, 171 dépistages ont été réalisés dans les cinq premières communes visitées. Au total, une quinzaine de patientes présentant des signaux inquiétants ont été orientées vers des examens complémentaires (biopsie, imagerie supplémentaire, etc.). Autant de situations potentiellement dangereuses qui n’auraient pas été repérées sans la venue du camion.

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