Article initialement publié sur egora.fr

Après avoir lancé le concept d'un service médical de proximité (SMP) géré par des médecins retraités pour des patients sans médecin traitant, VYV3, l'offre de soins et d'accompagnements du groupe VYV, innove à nouveau dans la lutte contre la désertification médicale. Après Laval, le Mans et Cholet, VYV3 vient de développer un SMP dans le secteur de Laval Ouest.

"La situation dans le secteur de Laval Ouest, qui regroupe 14 communes pour 17 000 habitants, était critique avec une seule jeune généraliste de retour de congé maternité pour toute la zone", raconte le Dr Dominique Hérault, médecin retraité et coordinateur du SMP Henri Dunant de Laval. Le praticien de 71 ans est alors contacté par le président du Conseil de l'Ordre départemental qui lui demande de réfléchir à une solution. "Je me suis dit, si j'étais un jeune médecin en 2022, de quoi aurais-je envie ? De travailler avec des copains". Ni une, ni deux, le médecin contacte ses anciens internes. "En discutant avec les jeunes, j'ai compris qu'ils aimeraient sécuriser leur début de carrière par un salaire", relate le généraliste qui en parle alors à Sandrine Boyer, directrice générale du pôle accompagnement et soins du groupe VYV3. 

 

Nous n'avons pas de certitude que les jeunes généralistes resteront, mais qui ne tente rien n'a rien

Le concept est né. Proposer à des jeunes médecins un contrat à durée déterminée (CDD) de six mois, renouvelable une fois. A l'issue de cette période d'un an, les jeunes généralistes pourront poursuivre leur exercice en libéral ou stopper l'expérience. "Nous n'avons pas de certitude qu'ils resteront, mais qui ne tente rien n'a rien", admet Audrey Arzur-Monet, responsable des centres de santé pour VYV3. Pour épauler les généralistes en début de carrière, deux médecins retraités consultent au sein du SMP à hauteur d'une journée par semaine chacun.  

Pour mettre en œuvre ce projet, imaginé par Dominique Hérault, VYV3 a réuni autour de la table toutes les collectivités de Laval Ouest impactées par le manque de médecin. Il a alors été défini que le SMP s'implanterait sur deux sites, Saint-Pierre-la-Cour et Le Genest-Saint-Isle, mais serait relié par un secrétariat et un système informatique commun. Quatre postes de secrétaires ont ainsi été financés par le département, l'agglomération de Laval et les mairies des 14 collectivités concernées. L'ARS ou encore la région ont financé le service informatique ou encore les équipements médicaux.  

Des conditions de travail attractives

Contrairement aux autres SMP développés par VYV3, pour la première fois, le salaire des jeunes médecins est défini à l'avance et non lié à l'activité des centres. "Nous avons trouvé un compromis pour que le salaire soit attractif mais également pour que cela reste tenable financièrement. Les médecins gagneraient plus s'ils étaient en libéral, mais là ils bénéficient de conditions de travail attractives", explique Audrey Arzur-Monet. Sans l'aide des collectivités, le projet n'aurait pas pu voir le jour. "On ne peut pas salarier des médecins simplement avec des honoraires. Le coût du salaire est plus lourd que celui du libéral. Ici le secrétariat est payé. Ce qui coûte le plus cher en médecine, c'est le personnel", précise Dominique Hérault.  

Le Dr Maxime Des Aunais, ancien interne de Dominique Hérault est le premier jeune médecin à avoir adhéré à l'idée. Nommé médecin coordinateur du SMP, il a convaincu plusieurs amis, rencontrés à l'internat de Laval, de participer au projet. "J'ai été séduit par cette transition avant de passer en libéral. Le salariat est une sécurité au départ. Cela permet d'avoir un salaire qui est indépendant de l'activité", confie le Dr Alexandre Lherbette, l'un des médecins salariés. "Nous gagnons en moyenne 250 euros par jour travaillé. Nos conditions de travail sont les plus favorables possibles", ajoute Maxime Des Aunais. Soulaymane Nadri, qui n'est pas encore thésé, a également signé un contrat. "Le fait d'être salarié est un concept attirant, on ne prend pas trop de risques, c'est un plus par rapport aux remplacements de ville", témoigne le jeune médecin de 27 ans.

 

Pas d'objectif de rentabilité

Et il faut reconnaître que les conditions de travail sont attractives. Les jeunes praticiens décident du nombre de jours travaillés par semaine sur des horaires de 8h30 à 18h30. "Nous avons une présence de 8h à 20h donc nous nous organisons pour qu'il y ait toujours quelqu'un", explique Maxime Des Aunais. Après ces horaires, c'est la PDSa qui prend le relai. Les jeunes praticiens voient en moyenne 20 à 25 patients par jour. "On ne nous impose pas d'objectifs de rentabilité ou de nombre de patients à voir. Notre seule mission est de répondre aux besoins d'un territoire", précise Alexandre Lherbette. Les quatre secrétaires en poste sur les deux sites sont chargées des encaissements. "Cela permet de déléguer de l'administratif et de nous concentrer sur du médical", se félicite Maxime Des Aunais.

Si le salariat a certes été un atout pour séduire la nouvelle génération de médecins, c'est surtout l'opportunité de pouvoir travailler entre copains qui les a convaincus. "Travailler avec des amis est une énorme plus-value", estime Alexandre Lherbette qui espère que ce projet commun va se poursuivre. Maxime Des Aunais se voit continuer l'expérience également mais à la condition "que les autres restent", confie-t-il. "Si l'un de nous part, cela risque de déstabiliser la structure", analyse Alexandre Lherbette.  

Passer du salariat au libéral

Ensemble, les jeunes médecins se voient donc sans problème passer du salariat au libéral. "Je n'ai pas de hantise du libéral, si ce n'est peut-être le côté administratif, mais je pense que cela s'apprend", estime Alexandre Lherbette. La jeune génération sait aussi qu'elle pourra compter sur les médecins retraités qui exercent avec eux au sein du SMP. "Cet aspect intergénérationnel est intéressant. Cela permet d'avoir des conseils sur la gestion du cabinet", commente Maxime Des Aunais. "Ce compagnonnage est un plus. On discute le midi en déjeunant ensemble, c'est enrichissant", abonde Alexandre Lherbette. "On leur donne des conseils et eux nous bousculent un peu", plaisante le Dr Hérault, ravi de ce rôle de compagnonnage. 

 

Premier bilan dans six mois

De son côté, Soulaymane Nadri ne se voit pas encore s'engager sur une installation en libéral, tant que sa compagne, future chirurgienne digestive, n'a pas terminé ses études et ne sait pas où elle trouvera un poste. "Je ferai peut-être de la collaboration au sein du SMP", envisage le jeune médecin. Pour l'instant, VYV3 ne met pas de pression aux généralistes. "Dans six mois, on fera un premier vrai bilan et on leur demandera plus d'engagement", prévient Audrey Arzur-Monet.  

Les patients, eux, semblent avoir adhéré au concept et sont ravis d'avoir enfin des médecins vers qui se tourner. Les plannings étaient remplis dès les premiers jours. "Ils ont l'air contents. Il y avait une grosse attente", constate Maxime Des Aunais. Depuis l'ouverture, un médecin libéral a rejoint les locaux du SMP. Une jeune généraliste arrivera bientôt en salariat trois jours par semaine. "Il reste encore de la place pour accueillir des jeunes médecins. Nous avons trois cabinets ouverts sur quatre", lance Audrey Arzur-Monet. Avis aux intéressés… 

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