Près d’un adulte sur deux est en surcharge pondérale (IMC > 25) en France. C’est ce que montre l’enquête Obépi, menée en 2020 par une équipe de l’Inserm et du CHU de Montpellier sur un échantillon de près de 9 600 personnes et dont les résultats ont été publiés hier. Ils s’inscrivent à la suite de la série d’études Obépi-Roche conduites entre 1997 et 2012, qui servent de base de comparaison.

Si la prévalence du surpoids est à peu près stable depuis 1997, autour de 30% de la population, celle de l’obésité (IMC > 30) n’a cessé d’augmenter, passant de 8,5% en 1997 à 15% en 2012 et à 17% en 2020, précise l’étude. C’est au sein des groupes d’âge les plus jeunes que cette augmentation de la prévalence est la plus marquée. En 1997, 2,1% des 18-24 ans et 5,5% des 25-34 ans étaient obèses. Des proportions qui s’établissent aujourd’hui respectivement à 9,2% et 13,8%.

 

Le Nord et les ouvriers davantage concernés

Les générations les plus jeunes restent cependant moins concernées par l’obésité que leurs aînés. Ainsi, 19,9% des 65 ans et plus présentent un IMC supérieur à 30. Depuis 1997, la prévalence est en hausse dans toutes les classes d’âge, mais pour les 55-64 ans, la part des cas s’est stabilisée autour de 19,8% après 2009 et a même légèrement diminué (19,2% en 2020).
 

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Dans le détail, des disparités selon les régions et le niveau de vie sont mises en évidence. Dans le Nord, l’obésité touche 22,1% de la population, contre 14,2% des habitants d’Ile-de-France. Plus d’un ouvrier sur deux est en excès pondéral, contre un peu plus d’un cadre sur trois. La prévalence de l’obésité est de 18% pour les ouvriers et de 9,9% pour les cadres. "Les tendances sont à la hausse dans toutes les catégories professionnelles", précise le communiqué de l’Inserm.


 

L’obésité et le surpoids sont également plus fréquents dans les catégories sociales défavorisées, comme l’indique l’étude Obépi 2020 : la prévalence de l’excès de poids est de 51,1 % chez les ouvriers, 45,3 % chez les employés, 43 % chez les professions intermédiaires et 35 % chez les cadres. Une tendance similaire pour l’obésité : 18% chez les ouvriers et 17% chez les employés (17,8 %) mais 9,9% chez les cadres. Les professions intermédiaires ont, elles, une prévalence d’obésité de 14,4 %. Des chiffres en hausse depuis 1997 dans toutes les catégories professionnelles.

"Nous sommes face à un problème de santé publique, qui n’est pas récent. On pensait être protégés en France, mais on suit la pente d’autres pays européens, constate Karine Clément, médecin, professeure de nutrition à Sorbonne université, et directrice d’une unité de recherche à l’Inserm, interrogée au micro de France Inter ce matin. L'obésité est une véritable maladie. La définition, c'est l'augmentation de la masse grasse ayant des conséquences sur la santé." Elle assure ainsi que "l'environnement dans lequel nous vivons favorise l'obésité". Comment ? "On mange différemment, on bouge beaucoup moins. Il y a aussi d'autres facteurs qui peuvent être liés au stress mais aussi des relations entre la progression de l'obésité et le statu socio-économique. Il y a beaucoup moins de progression de l'obésité dans les niveaux des catégories socio-professionnelles les plus élevées par rapport aux ouvriers par exemple."

Pour accompagner les patients, 37 centres spécialisés dans la prise en charge de l’obésité (CSO) et rattachés à des établissements de santé, publics ou privés, sont présents en métropole et en Outre-mer et dispensent des soins, dits "de troisième recours", auprès des personnes en situation d’obésité sévère et/ou complexe. Une prise en charge assurée par une équipe pluridisciplinaire placée sous la responsabilité d’un médecin spécialiste, non chirurgien : équipes médicales (nutritionnistes, endocrinologues, pédiatres…) et paramédicales (infirmières, masseurs- kinésithérapeutes…) et chirurgicales (équipe de chirurgiens et d’anesthésistes-réanimateurs spécialisée dans la chirurgie bariatrique). Trois domaines de prise en charge sont également sollicités : la diététique (diététiciens), la psychologie (psychologues, psychiatres) et l’activité physique adaptées (enseignants APA, masseurs-kinésithérapeutes).
 

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