Journée d'études
Le premier séminaire de recherche interdisciplinaire en soins primaires a eu lieu le 10 octobre 2022 à l'université d'Angers. Une journée qui a réuni plus d'une cinquantaine d'étudiants, professionnels de santé, enseignants-chercheurs et autres acteurs impliqués localement dans la recherche en soins primaires.
Samuel Legeay est maître de conférences en physiologie et pharmacocinétique à Angers, et Mélanie Faivre est cheffe de clinique au département de médecine générale d'Angers.
Article publié dans Concours pluripro, avril 2023
La banque de données en santé publique [de l'EHESP, NDLR] définit les soins primaires comme le "premier niveau de contact des individus, des familles et des communautés avec le système de santé d'un pays, apportant les soins de santé aussi près que possible de l'endroit où les gens travaillent et vivent. […] [Il] devrait offrir des services de prévention, des services curatifs et des services de réadaptation, et comprendre l'éducation de la population au sujet de problèmes de santé majeurs ainsi que la façon de les prévenir et les contrôler". Largement majoritaires – selon la Wonca (World Organization of National Colleges and Academic Associations of General Practitioners / Family Physicians), le médecin de soins primaires peut apporter une réponse à 90 % des patients dans 90 % des cas –, ces soins interviennent le plus souvent à un stade précoce et non différencié des problèmes de santé (premiers recours) et au premier plan dans la prise en charge des maladies courantes (notamment chroniques) et la coordination de ses soins (soins continus) (cf. Les soins primaires en question[s], Y. Bourgueil, A.Ramond-Roquin, F.-X. Schweyer, éd. Presses de l'EHESP, 2021).
La recherche en soins primaires s'intéresse à des problématiques propres au champ d'action des soins primaires et à une population bien plus large que celle touchée par les structures hospitalières. Isabelle Richard, professeure de médecine physique et de réadaptation, et doyenne de la faculté de santé à l'université d'Angers (2011-2017), appelle à la collaboration interprofessionnelle (devant l'ensemble des métiers concernés) et interdisciplinaire (avec des interactions fréquentes avec les sciences humaines et les acteurs de la politique publique). Son champ intègre les différentes dimensions de la santé biopsychosociale et prend en compte les enjeux pour les patients, les professionnels, les organisations et la société. Malgré cela, il existe aujourd'hui un nombre encore trop minoritaire de travaux de recherche portés par les acteurs des soins primaires…
Notre système de santé est confronté à des difficultés conséquentes et croissantes en matière d'accès aux soins. Celles-ci ont accéléré d'importantes mutations concernant le secteur des soins primaires, telles que le regroupement en maison de santé et le travail pluriprofessionnel. Une autre réponse complémentaire est le développement d'un accès autonome du patient à une meilleure santé ainsi qu'à la gestion de sa maladie. L'objectif étant, au-delà de diminuer la demande de soins, de le rendre acteur de sa santé et d'en faire un partenaire à part entière dans la construction du système de santé de demain. Ce changement de paradigme nécessite une organisation et une collaboration entre tous et avec le patient, expert de sa condition. Loin d'être utopique, cet objectif, réalisable à long terme, passera forcément par des étapes intermédiaires conduisant à une amélioration de la santé des populations, à la prise en compte de l'expérience des patients et de celle des professionnels de santé, à la réduction des coûts de la santé et à une équité dans l'accessibilité aux soins.
