"La Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) devait être publiée en juillet 2023. Deux ans plus tard, elle n’a toujours pas vu le jour. Chaque mois de retard accroît les coûts écologiques, sanitaires et sociaux de l’inaction. Mais vous avez aujourd’hui l’opportunité d’y remédier." C'est par ces mots que France Assos Santé et 116 organisations et associations ont interpellé, au travers d'une lettre ouverte, Sébastien Lecornu, Premier ministre en poste depuis le 9 septembre dernier.  

Tout en dénonçant les "pressions de certains lobbies du secteur agroalimentaire exercées sur les gouvernements successifs" ayant mené à un recul de ces derniers sur cette stratégie, les signataires de la lettre exhortent désormais à mettre fin à ce blocage et à publier sans délai, une version ambitieuse et scientifiquement cohérente de cette stratégie. Après un travail de longue haleine mené par les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique, les instances consultatives et la société civile et malgré "des avis convergents" entre toutes ces parties, "la sortie a encore été ajournée par le dernier gouvernement. Cela ne fait qu’entretenir un sentiment généralisé de mépris de la démocratie et de déconnexion entre les citoyens et leurs représentants politiques", dénoncent les associations.  

Les associations pointent également les reculs opérés dans la dernière version connue du texte rédigée par le gouvernement Bayrou, tout particulièrement la suppression de toute mention de "réduction" ou "limitation" de la consommation de viande. Un choix en contradiction avec les recommandations du Haut Conseil pour le Climat, qui appelle à réduire de 30 % la consommation de produits animaux d’ici 2050 pour respecter les engagements climatiques de la France. Sur le plan sanitaire, la situation est tout aussi préoccupante : 63 % des Français consomment trop de charcuterie et 32 % trop de viande rouge, avec des effets avérés sur les maladies chroniques (hypertension, cancers, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires…). 

Autre point de crispation : le refus du gouvernement de restreindre la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés ou trop salés, malgré une demande claire des Français (83 % favorables à une interdiction, selon les sondages) et des instances consultées. De plus, les références au Programme national nutrition santé (PNNS) et à la notion d’aliments ultra-transformés auraient été supprimées du projet de SNANC. 

Une urgence sociale et sanitaire

La situation est pourtant "alarmante", estiment les signataires et pour cause : 16% de la population française déclare ne pas manger à sa faim, 20% des étudiants ont recours à l’aide alimentaire. De plus, près de la moitié de la population est en surpoids ou en situation d’obésité, environ 10 millions d’adultes (entre 17-20% selon les régions) sont en situation d’obésité, et plus de 4 millions de Français vivent avec un diabète – une augmentation de 160% en 20 ans. Chez les enfants, les voyants s'avèrent également au rouge : 17% sont en surpoids, dont 4% en situation d’obésité, et les cas de diabète de type 2 sont en nette augmentation, transformant l’alarme en véritable urgence.  

Face à ce constat, les organisations rappellent trois mesures clés à intégrer dans la SNANC. Tout d'abord, elles demandant "d'interdire la publicité et le marketing pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés, en particulier lorsqu’ils ciblent les enfants, et rendre obligatoire l’affichage du Nutri-score". Ensuite, les organisations estiment primordial le fait de "fixer une trajectoire chiffrée de réduction de la consommation de viande d’ici 2030, en privilégiant une approche avec moins de viande, mais de meilleure qualité, produite en France et rémunératrice pour les éleveurs". Dernière demande, la nomination d'un "délégué interministériel chargé du suivi et de la mise en œuvre de la stratégie, garant des moyens alloués"

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