Article publié dans Concours pluripro, septembre 2024
 

Le changement climatique aura des effets sur la santé de 70 % des travailleurs dans le monde : c'est l'alerte lancée le 28 avril 2024 par l'Organisation internationale du travail (OIT) à l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. Le lien entre l'évolution du climat et une part de l'augmentation de la prévalence des cancers, des maladies respiratoires et cardiovasculaires, des dysfonctionnements rénaux ou encore des problèmes de santé mentale a déjà été établi. Avec, à la clé, de nombreux décès, une perte de qualité de vie et de qualité de vie au travail, pour beaucoup de travailleurs. Et il n'y a aucune raison de penser que les travailleurs français sont – ou seront – épargnés. En France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a d'ailleurs annoncé dès 2018 dans un premier rapport que la majorité des risques professionnels augmentent avec le changement climatique.

Ce qui est particulier avec les effets du changement climatique, c'est qu'ils ne créent pas de risques nouveaux mais exacerbent l'intensité des risques existants. "Le plus connu des effets directs, c'est l'augmentation de la fréquence des périodes de fortes températures", souligne Louis Laurent, directeur des études et recherches à l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Elle peut provoquer une baisse de la concentration mais également de la fatigue mentale, une déshydratation ou un épuisement qui peuvent aggraver des maladies cardiaques, respiratoires et rénales ou entraîner des coups de chaleur et des syncopes, et donc des accidents du travail potentiellement graves ou fatals. La plus grande difficulté à récupérer la nuit et lors des pauses en cas de forte chaleur accroît encore ces risques. Finalement, l'absentéisme risque d'augmenter, entraînant une désorganisation du travail et des collectifs de travail.

 

L'effet domino des fortes températures

Des effets indirects sont aussi identifiés. Les personnes travaillant en extérieur sont plus exposées aux UV. Les risques chimiques, d'incendie et d'explosion sont accentués, tout comme les risques biologiques. Les zones géographiques concernées par certaines zoonoses, comme la maladie de Lyme ou la dengue, vont s'étendre. "Le risque fongique va également augmenter, car les champignons vont être plus résistants à la chaleur et plus susceptibles d'infecter les humains, souligne Pierric Masuy, infirmier en santé au travail, mobilisé sur ces sujets. Les allergies seront aussi plus fréquentes, car la floraison des plantes va durer plus longtemps."

Enfin, les risques psychosociaux seront accrus par la plus grande difficulté de travailler, de s'organiser et de coopérer, insiste aussi l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact). "De plus, ajoute Henri Bastos, directeur scientifique santé travail à l'Anses, la fréquence et l'amplitude de certains aléas climatiques comme les canicules vont augmenter."

 

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