Comme la plupart des pays développés, l’Australie a entrepris une profonde réforme de son système  de soins. Elle le fait prudemment. À cette fin, une organisation non gouvernementale a été constituée en 2003, dès les prémices de la réforme, et regroupe principalement des structures de médecins, et plus largement de professionnels de santé, et des représentations d’associations de malades et de la population générale, notamment rurale. Cette organisation a un nom, l’Australian Health Care Reform Alliance, et un site qui mérite d’être visité ; en particulier la page qui énonce les principes de la réforme et celle où figure la série des "position papers" rédigés entre 2015 et 2017.

Pour l’essentiel, cette réforme affiche les mêmes priorités que celles que mettait en avant le plan "Ma santé 2022". À savoir, une attention et un engagements croissants des patients, un accès aux soins dans un système rééquilibré en faveur de l’ambulatoire, des soins primaires, de la prévention et soucieux d’assurer la continuité de la prise en charge et d’éviter les ruptures. Et comme cela a été dit en France, l’implication de l’ensemble des professionnels de santé – la workforce des Anglo-Saxons – est l’un des points critiques pour la réussite de la réforme. Ce qui implique des évolutions de la formation avec l’interprofessionnalité et de l’exercice avec le travail en équipe et la coordination.

Les "medical assistants", des "coordinateurs de soins"

Cette question de la coordination a fait l’objet d’un travail publié en 2016 par une équipe de l’université de Melbourne. En partant du constat de la fragmentation du système de soins, les auteurs soulignent l’importance de la fonction de coordination. Elle n’est pas, en Australie, assumée par une profession identifiée mais plutôt par des professionnels (infirmières ou autres personnels soignants, travailleurs sociaux, ou médecins) selon leur disponibilité ou leur appétence.

Un éventuel curriculum de formation devrait cependant être rapidement préparé, mettant en évidence les compétences garantes de la meilleure efficacité possible du coordinateur au bénéfice du patient. Mais, pour cela, une pratique encore débutante et une recherche balbutiante ralentissent la dynamique en marche. Les auteurs concluent à l’urgence du sujet, la coordination entre intervenants autour du malade apparaissant comme "la" solution pour assurer la continuité des soins… alors qu’en Australie, seuls 16 % des habitants ont plus de 65 ans. Ce qui, pour le moment, limite encore l’impact des sujets âgés polypathologiques et chroniques.

En Australie, la coordination est assumée par des professionnels selon leur disponibilité ou appétence

De telles réflexions sur les compétences et les fonctions des coordinatrices ont été menées également en Amérique du Nord. En témoignent les publications de Thomas Bodenheimer, vieux routier des soins primaires, médecin interniste, titulaire d’un master en public health, professeur à l’université de Californie. Dans la livraison du Jama Internal Medicine de mai 2014, il plaide pour un rôle accru des "medical assistants", dans le cadre particulier des soins primaires. Son analyse est simple. Une bonne part de l’activité quotidienne ne nécessite pas une expertise médicale. On peut même avancer que le burn out menace particulièrement les médecins qui s’efforcent de répondre à l’ensemble des demandes des patients.

Bodenheimer identifie trois fonctions principales pour ces medical assistants qui correspondent bien aux nouvelles fonctions de "coordinateurs de soins". La première est celle de "gestionnaire de cas", ce qui revient à s’assurer que les malades suivent correctement leur programme de soins. La deuxième est le coaching de malade(s), en particulier dans le cadre générique de l’éducation thérapeutique. La troisième est de gérer les données des malades, de manière à ce que chaque intervenant dispose bien, au bon moment, des données qui lui sont utiles.

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