Dispositif présenté lors de la Journée de l'exercice coordonné organisée par Doctolib début décembre 2024 - article publié dans Concours pluripro, janvier 2025

Les rues de Bobigny sont bondées en ce mercredi après-midi de novembre. La ville se couvre d’un manteau de nuages gris mais cela ne saurait contrarier les rires des enfants qui ont terminé leur matinée d’école, ni les sourires des adultes qui finissent leur café avant de retourner au bureau. Il est 14 h et nous avons rendez-vous avec une partie de l’équipe de la CPTS Bobigny-Bondy (Île-de-France) dans un lieu qui lui est cher : la Maison de la prévention de l’obésité, du diabète et des maladies cardiovasculaires.
Devant le local, une petite dizaine de personnes attendent patiemment l’ouverture des portes. L’ambiance est aux nouvelles, à la météo, les sourires sont eux aussi au rendez-vous. Aujourd’hui, tous sont là pour participer à un atelier de prévention auxquels ils se sont inscrits.
"Bonjour tout le monde ! Entrez vous installer au chaud." Le visage lumineux, Mathilde Moysan, infirmière et directrice de la CPTS Bobigny-Bondy, nous ouvre le passage. Sur la droite, des machines de sport, "accessibles gratuitement, sur rendez-vous. C’est d’ailleurs un levier qui nous permet de faire entrer plus d’usagers dans un parcours de prévention", explique-t-elle. Car, ici, les patients sont inscrits dans des cycles d’accompagnement d’environ trois mois. "Depuis notre ouverture en mai dernier, nous prenons en charge une centaine d’usagers !", se réjouit-elle.


Ludovic Riera (professeur d’EPS), Mathilde Moysan (directrice de la CPTS), Émeline Tindiliere Maury (coordinatrice sociale), Gaëlle Le Hervé (accueillante), Corinne Balistreri (diététicienne et coordinatrice)

 

Première journée dépistage et prévention

Le 8 février prochain, la Maison de la prévention organise sa première journée à l’hôtel de ville de Bondy. L’occasion de mettre à l’honneur la prévention et le dépistage en participant à des tables rondes mais aussi à des ateliers de prévention et d’éducation thérapeutique proposés sur place. place. Une journée à laquelle s’associe Concours pluripro.

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Et pour cause : "Sur le territoire, on compte presque 20 % de personnes atteintes d’obésité et 6,8 % de diabétiques", explique-t-elle. C’est dans ce contexte d’augmentation de la prévalence de certaines pathologies évitables telles que le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires que les professionnels de santé du territoire ont souhaité créer un établissement dédié à la prévention. "Notre but, c’est de donner sa chance au préventif, pour éviter le curatif." De nombreux ateliers sont donc organisés pour concrétiser les recommandations pointées lors du premier bilan patient. "Cela peut être toutes sortes de choses : de l’activité physique, des ateliers de cuisine ou de relaxation, même de la gestion des émotions", raconte Mathilde Moysan

Des ateliers préventifs... et éducatifs !

Ce jour-là, les sept usagers participent à l’activité Bonus/Malus, organisée dans une zone de la Maison de la prévention dédiée aux ateliers et animée par Ludovic Riera, professeur d’éducation physique et membre de la CPTS. "Notre objectif aujourd’hui, c’est de comprendre ensemble comment, avec nos actions du quotidien, nous installons, sans le vouloir, un terrain propice à une maladie cardiovasculaire. Et surtout comment lutter contre l’arrivée de ces maladies !" Sur la table, le coach sportif installe des feuilles sur lesquelles sont tracés les contours d’un corps humain. Puis il distribue des cartes à chaque participant : certains seront dans l’équipe rouge, Malus, d’autres dans l’équipe verte, Bonus. Les premiers "doivent mettre en place un terrain propice au développement de maladies, les seconds doivent, au contraire, prévenir et empêcher l’arrivée de ces maladies". La difficulté pour les usagers, c’est qu’ils ne savent pas qui est dans leur équipe, et que, tour à tour, ils doivent poser une carte sur le corps humain tout en piochant d’autres. "Tiens, moi, je veux qu’il s’hydrate bien", lance une usagère. "Moi, je vais lui donner une mauvaise alimentation", retorque un autre participant.


Activité Bonus/Malus proposée par la Maison de la prévention

Le jeu avance et à force d’accumuler les Malus ou les Bonus, le corps humain développe des maladies ou les empêche de se développer. À chaque carte posée, Ludovic Riera et Mathilde Moysan expliquent en quoi cela peut être bénéfique ou dangereux pour la santé. "Le calme, c’est très important pour le repos et la bonne santé", affirme celle-ci. "Chez moi, ce n’est jamais calme", rétorque une patiente à laquelle les professionnels de santé finiront par proposer des ateliers de sophrologie organisés à la Maison de la prévention, "parce que le but, c’est de trouver ces moments de quiétude".
L’atelier à peine terminé, les retours ne se font pas attendre. "Une super initiative, saluent les usagers, ludique et amusante." Satisfaite, l’équipe de soins souhaite tout de même clarifier un point : "Notre objectif n’est pas de pointer du doigt ce que vous faites ou ne faites pas, explique Mathilde Moysan. On sait bien que certaines choses ne sont pas modifiables, comme les maladies génétiques, par exemple. Aujourd’hui, nous voulions vous montrer comment entretenir votre capital santé sur tout ce qui est modifiable dans votre quotidien."

Une équipe à l'écoute

Après les aurevoirs et les rendez-vous pris pour les futurs ateliers, l’équipe de la Maison de la prévention fait le point. "Ici, on met en place des cycles de trois mois avec nos patients, détaille Corinne Balistreri, diététicienne et coordinatrice du lieu. Depuis notre ouverture on a eu entre 30 et 40 patients par cycle." En premier lieu, un bilan personnel est mis en place avec l’usager, lors duquel il répond à un questionnaire et met en place ses objectifs. Après trois mois d’ateliers et d’évaluation finale, le bilan de sortie fait état des lieux des progrès du patient.
"Pour les inciter à venir nous rencontrer, nous mettons en place des dispositifs d’aller-vers, comme des dépistages gratuits du diabète dans les gares ou les centres commerciaux. Ensuite, on redirige les usagers concernés vers la Maison de la prévention." Et peu importe le stade de prévention (primaire, secondaire ou tertiaire), le discours de promotion de la santé est personnalisé mais aussi transverse, assure Mathilde Moysan.
Si l’engagement des patients est indéniable, l’équipe reconnaît "qu’il est difficile de ne toucher que des personnes concernées par la prévention et pas déjà malades". Un problème qui n’en est pas un car, à terme, la Maison de la prévention a pour vocation de devenir un centre d’éducation thérapeutique. "Entretenir sa santé mentale, faire de l’activité physique et s’alimenter sainement, ça concerne tout le monde", sourit-elle.

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