Il l’avoue d’emblée : il est "complètement fan du modèle des maisons de santé". Et face à "un système de santé en tachycardie ventriculaire mais encore en fibrillation", il est persuadé qu’un défibrillateur "avec AVECSanté écrit dessus" peut être une des solutions. Intervenu en visio-conférence aux 12e Rencontres nationales d’AVECsanté ce vendredi matin à Saint-Malo, François Braun a salué le "travail remarquable" des acteurs de terrain qui ont participé à la mise en place de plus de 2 000 MSP sur le territoire [2 151 au 31 décembre 2022 selon la DGOS, NDLR]. Et pour le ministre de la Santé, il faut "aller plus loin" pour atteindre les 4 000 maisons de santé d’ici la fin du quinquennat : "C’est le traitement que je conduis pour le système de santé. Oui, il faut continuer à les développer, à les améliorer pour que ce soit plus simple, plus facile… Et je serai toujours à vos côtés pour mettre en place ce traitement."

Crise de l’offre de santé, du monde de la santé, questionnement sur le sens des métiers, repli corporatiste, échec des négociations conventionnelles, appel au déconventionnement… Pour Pascal Gendry, président d’AVECsanté, face à un système de santé "malade", "on ne peut pas se contenter d’un diagnostic. Il faut un électrochoc et les maisons de santé peuvent y contribuer", a-t-il affirmé, ajoutant que la refondation, que souhaitent les pouvoirs publics, ne peut pas se limiter à la pose "de pansements".

Sollicités en amont des Rencontres, des professionnels de santé ont chacun adressé une question au ministre, sous la forme de capsules vidéo. Un échange à bâtons rompus entre les acteurs de terrain, François Braun et Pascal Gendry.

L’équipe traitante, une étape décisive ?

"La reconnaissance de l’équipe traitante comme une entité soignante dans le cas d’une convention spécifique [n’est]-elle pas une étape nécessaire et décisive ?", a lancé Jacques Frichet, médecin généraliste et président de la FMPS Normandie, tandis que Carine Renaux, infirmière en pratique avancée et co-présidente de l’APMSL, a interrogé les potentiels changements dans l’organisation des soins et le parcours patient. "Équipe traitante, ça veut tout dire et ça ne veut rien dire, a répondu le ministre. Ça veut bien dire que nous allons travailler dans le cadre d’une équipe autour du ou des médecin(s) traitant(s). C’est ce qui reste à construire. Avec les autres professionnels de santé, la porte est ouverte et je suis prêt à faire toutes les évolutions nécessaires pour aller dans cette logique de proximité, de territoire et de coordination. C’est ça l’équipe traitante : une équipe à proximité du patient et coordonnée par le médecin traitant dans le rôle de chef d’orchestre et non plus d’homme-orchestre." Ce travail de coordination ne doit pas avoir de "cadre rigide" mais un cadre "à construire et adapté à chaque territoire", avec notamment la nécessité de mettre en place un modèle spécifique de fonctionnement et de financement… "La porte est largement ouverte", a-t-il ajouté.

 

 

Réagissant à la "difficulté" des pouvoirs publics à parler d’accès à une équipe plutôt qu’à un médecin comme l’a souligné Pascal Gendry, François Braun a affirmé qu’un nouveau modèle est en construction et que "parfois, on tâtonne: "La culture médicale de base est profondément individualiste et ce changement de paradigme – d’homme-orchestre à chef d’orchestre – est difficile à faire passer auprès des médecins et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles la convention médicale a patiné un peu… Je ne dirais pas que c’est un échec car plusieurs points ont été mis en avant, et nous allons continuer avec le règlement arbitral et la reprise des négociations ensuite. Mais je suis profondément attaché à cette reconstruction sur la base territoriale et la base de cette notion d’équipe." Une notion qui implique, ajoute-t-il, du pluriprofessionnel, une personne qui "tire" cette équipe, la pousse vers l’avant et la coordonne…  

La MSP, l’ESP et le CDS comme l’échelon "opérationnel, en proximité et au plus près du terrain" et la CPTS comme l’échelon "de coordination entre les structures, y compris avec des professionnels isolés". C’est ainsi que le ministre répartit les rôles entre les différents acteurs en soins primaires. Rappelant qu’aujourd’hui, le rythme s’accélère "parce que la situation se dégrade", François Braun a insisté sur l’"impérieuse nécessité d’aller vite mais sans précipitation". Faut-il considérer l’ESP comme la première marche vers une équipe structurée ? "Pourquoi pas", ajoute le ministre qui se dit "ouvert à tout ce qui marche" : "C’est le cadre qui doit s’adapter à ce qui fonctionne et non l’inverse."

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