Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025
 

En matière d’accès aux soins, "des dispositifs ont été mis en place au cours des trois dernières années, et à chaque fois qu’ils ont réussi, c’est parce que les acteurs ont réussi à travailler les uns avec les autres." Lors de la 8e journée régionale de la Femas Hauts-de-France, Baptiste Marchand, directeur santé à la CPAM de Lille- Douai, a mis en avant cette force du collectif... qui fait face à un travail de Sisyphe : alors que des patients retrouvent un médecin traitant, d’autres perdent le leur et de nouveaux patients sont déclarés en affection de longue durée, donc avec des besoins importants, voire croissants. "Il y a une dynamique qu'il faut réussir à enrayer", a-t-il ajouté.

Pourtant, de multiples solutions sont mobilisées. Très médiatisée, la solidarité territoriale induite par le pacte du gouvernement contre les déserts médicaux se met en place lentement dans les Hauts-de-France, avec 9 médecins volontaires pour intervenir à Hesdin-la-Fôret (Pasde- Calais) : 7 (4 installés dans le Nord, les autres installés dans le Pas-de-Calais) ; 1 à Épehy (Somme ; installé dans le Val-d’Oise) ; 1 à Marle (installé dans l’Aisne), a indiqué Louise Lecerf, responsable de l’accès aux soins sur les territoires et des parcours coordonnés à l’ARS. Et ceux qui ont effectué des consultations l’ont fait essentiellement dans des maisons de santé. Un dispositif en parallèle du contrat d’engagement de service public (CESP) qui a permis à "plus de 110 médecins et plus de 60 dentistes" de s’installer dans des zones sous-denses, assure-t-elle.

"Il y a beaucoup de dispositifs, une telle prise de conscience qu’il faut agir tous ensemble, chacun dans ses compétences, chacun à sa place, a commenté Sylvain Duriez, médecin généraliste à la MSP les Totems et vice-président de la Femas Hauts-de-France. Certains dispositifs vont vite, d’autres prennent plus de temps, mais ils ont un poids" et il faut les évaluer car ce qui compte, assure le président de la CPTS Pévèle du Douaisis, c’est la qualité des soins et du service rendu à la population.

 

Prendre soin de l'existant

Anaïs Werestchack, médecin généraliste, a initié en janvier 2024 un tour de France des remplacements dans les déserts médicaux, avec son compagnon, kiné. Une expérience pour "joindre l’utile à l’agréable", a-t-elle détaillé : "On remplaçait pendant quinze jours, voire trois semaines, et le reste du temps était dédié à la découverte du territoire." Un road trip de douze mois, douze remplacements dans des zones désertifiées – du Grand-Serre (Auvergne-Rhône-Alpes) à Castellane (Paca) en passant par Nouvelle-Église (Hautsde- France) – et "plus de 20 000 km au compteur du van", sourit Miss Auvergne 2021, qui a décrit une expérience très formatrice auprès des professionnels de santé installés mais aussi avec des assistants médicaux, une "révélation", car ils permettent de "gagner du temps et de prendre en charge plus de patients dans de bonnes conditions".

Aujourd’hui, si la région compte "292 MSP", comme l’a précisé Hugo Gilardi, directeur général de l’ARS Hautsde- France, au-delà de l’objectif affiché de 400 structures à fin 2027, "il faut [aussi, NDLR] réfléchir à la manière de mieux accompagner et prendre soin des maisons de santé existantes et des équipes déjà en place, assure Sylvain Duriez. On ne peut pas se focaliser uniquement sur les nouvelles".

 

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