"Prendre la mesure des besoins d’actions de soin en direction des adolescents, repérer des situations sensibles et chercher des solutions, tous cela est nouveau pour moi, lance Eléonore Latournerie, psychomotricienne à la maison de santé pluriprofessionnelle Bercé Santé, dans la communauté de communes Loir-Lucé-Bercé (Sarthe). C’est passionnant d’être dans la coordination, de mettre en relation des acteurs qui ne se connaissaient pas !" Elle fait partie des trois professionnels de santé de la MSP engagés dans le projet "Vie affective et sexuelle", proposé depuis la rentrée 2020 aux élèves de 4e des deux collèges de Château-du-Loir. Tout commence en 2019, quand la MSP décide de répondre à un appel à projet de l’ARS autour de la promotion de la santé. Après une expérience réussie sur le thème de l’alimentation, à destination des classes de 5e, l’équipe souhaite s’adresser à des ados un peu plus âgés. Elle prend alors contact avec les collèges de la commune, qui proposent spontanément de travailler sur la santé sexuelle. "Nous avons donc entrepris de construire un parcours en commençant par un état des lieux : que manque-t-il sur le territoire et comment mobiliser les bons professionnels pour combler ce manque ?", se souvient Eléonore Latournerie. Les coordinateurs du projet découvrent vite que l’antenne locale du centre de planification qui proposait une consultation sur le thème de la santé sexuelle vient de fermer, faute de visites… Les ados ne viennent pas se renseigner, il faut donc venir à eux, sur leur temps scolaire !

 

Pièce de théâtre et prévention des violences

Le parcours proposé aux collégiens depuis 2020 et reconduit à la rentrée 2021 se décline sur toute l’année, avec comme porte d’entrée le programme de SVT, qui aborde les IST et la contraception. Un premier atelier, coconstruit par des médecins, une sage-femme et les enseignants, permet d’aborder ces questions. Puis, deux à trois mois plus tard, des artistes interviennent sur le thème du consentement : ils proposent d’abord des saynètes de théâtre auxquelles les élèves réagissent. Dans un second temps, deux danseuses travaillent autour de postures qui les font également réfléchir. Ces ateliers donnent aux artistes de la matière pour concevoir un spectacle qu’ils reviennent présenter au collège quelques semaines plus tard. Enfin, la dernière intervention de l’année prend la forme de groupes de parole avec la conseillère conjugale. Celle-ci part des questions des jeunes pour prévenir les violences amoureuses.

"Au bout de deux heures, ils ne veulent pas que ça s’arrête, se réjouit Eléonore Latournerie. Il faut dire que l’on créée les conditions pour qu’ils participent, en constituant de petits groupes et en les faisant se lever de leur chaise." Deux internes dont la thèse porte sur le projet on fait passer des questionnaires avant et après les interventions : non seulement un grand nombre de connaissances sont acquises dans l’année, mais 80 % des ados disent vouloir aborder ces questions à l’école, en groupe mixte. Pour autant, leurs familles ne sont pas exclues ; un film a été conçu à leur intention, dans le but de les mettre en lien avec les acteurs en santé du territoire*. Face à ces résultats plus qu’encourageants, les coordinateurs envisagent de prolonger l’expérience au-delà de l’année scolaire, si les subventions obtenues le permettent.

 

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