Pour le médecin, la mairie a outrepassé ses droits et se permet de le faire car elle a investi de l’argent pour la MSP. "C’est intéressant de voir l’ingérence des mairies dès lors qu’elles participent de près ou de loin à un projet", détaille Pascal pour qui cette décision est "incompréhensible" : "Elle n’a pas eu besoin de chercher des médecins, on lui a servi le projet sur un plateau..."
En réaction, tous les médecins ont décidé de quitter le cabinet, sans préciser quand. "Leur attitude est un mépris pour notre fonction de médecin. Donc on s’en va." C’est pour cela que l’équipe a décidé d’afficher un courrier dans le cabinet pour prévenir les patients. "Mais la maire n’a pas apprécié. Elle nous a renvoyé un courrier où elle insinuait qu’on se fichait de notre serment d’Hippocrate et elle transformait notre intention de partir 'dès que possible' en 'immédiatement'. C’est la guerre", soupire Pascal.
Sans se démonter, Isabelle Mézières a publié une lettre dans laquelle elle dit regretter de ne pas avoir pu rencontrer tous les médecins lors de la réunion en avril : "Nous sommes surpris et peinés d’apprendre sur les réseaux sociaux (...) que les médecins souhaitent quitter la ville dès maintenant et ne veulent plus poursuivre les soins alors que la convention les engage jusqu’en septembre 2023. Après avoir pris conseil auprès des autorités sanitaires de tutelle afin de maintenir l’offre de soins sur notre ville, la municipalité a décidé de rechercher en urgence des médecins généralistes en statut salarié ou libéral." Par ailleurs, la ville a décidé d’investir dans une cabine de téléconsultation. "Je ne sais pas comment elle peut se séparer de six médecins et dire à ses administrés qu’ils n’auront pas de souci de médecin traitant. Surtout en nous remplaçant par une cabine !", réagit le médecin.
"Elle dit qu’elle veut salarier des médecins. Mais quatre salariés à temps plein dans des locaux dont la ville paiera les charges, avec un secrétariat, ça va être un coût pour les habitants de 500 000 à 700 000 euros par an !", calcule Pascal. Quoiqu’il en soit, c’est la goutte de trop pour les médecins qui ont déjà "une dizaine de projets" qui leur ont été proposés : "Il ne faut résister pas se laisser faire. Je sais que c’est difficile, surtout quand on exerce à temps plein et qu’on a la tête sous l’eau. Mais nous, on a décidé d'être le petit village gaulois qui résiste", affirme-t-il fièrement.
Contactée à plusieurs reprises, la mairie n’a pas répondu à notre sollicitation.
*Le prénom a été modifié.