Lutter contre une démographie soignante en baisse, c’est souvent la raison qui motive les collectivités territoriales à participer, notamment financièrement, à la création et à la gestion de maisons de santé pluriprofessionnelles. Mais cet investissement est-il efficace ? Dans son rapport sur l’"Organisation territoriale des soins de premier recours" portant sur la communauté d’agglomération du Grand-Villeneuvois (Lot-et-Garonne)*, la Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine tente d’apporter des éléments de réponse à cette question. Elle présente un tableau de la désertification médicale en Grand-Villeneuvois et analyse l’utilité (ou non) de la création des MSP financées par la communauté d’agglomération.

Premier constat, "la situation du territoire est alarmante", rapporte le journal Sud Ouest. Car alors que le bassin de population de 50 000 habitants a un indice de vieillissement plus élevé qu’en Lot-en-Garonne et en Nouvelle-Aquitaine (124,7 contre 121,5 et 108,4), "20 % de la population ne dispose pas de médecin traitant"… Parmi, 58,3% ont moins de 16 ans et 8,2% ont plus de 70 ans. Le rapport note également que 27,5% des patients sans médecin traitant sont soit en ALD, ou âgés de 70 ans et plus ou en situation précaire (CMUc/C2S/ACS)…

Sur les 3M€ de fonds publics mis sur la table, 1,8M€ provenait de la communauté d’agglomération. Outre des locaux à loyers attractifs, la collectivité met également gratuitement deux cabinets à disposition des assistants médicaux et des internes, et finance un poste d’agent d’accueil à temps plein.


source : rapport de la Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine


Dans ce territoire où l’accès aux soins est contraint par une faible densité médicale, la communauté d’agglomération a investi, en 2013, dans une MSP répartie sur trois sites – Villeneuve, Laroque-Timbaut et Casseneuil – où 13 cabinets médicaux ont été aménagés, précise le journal local. Et "presque dix ans plus tard, les trois sites ne sont pas logés à la même enseigne", ajoute-t-il. Ainsi, "Villeneuve-sur-Lot, les locaux sont saturés, à Casseneuil, des espaces sont vides et plus aucun médecin généraliste n’y est installé. Il en reste un seul à Laroque-Timbaut".
 


source : rapport de la Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine


Pour la Chambre régionale des comptes de Nouvelle Aquitaine, "l’intérêt suscité auprès de jeunes praticiens en stage sur ce mode d’organisation ne s’est pas, pour l’instant, traduit par des décisions d’installation de jeunes médecins au sein de la MSP", et "la faible évolution du nombre de médecins exerçant au sein de la MSP depuis sa création montre la capacité limitée du dispositif à endiguer cette diminution de la densité médicale sur le territoire, même s’il est probable que l’absence de cette structure d’exercice aurait produit des effets négatifs supplémentaires sur la démographie médicale", précise le rapport. Il note cependant que la MSP est un facteur d’amélioration des conditions d’exercice, et que les parcours de soins s’en trouvent mieux coordonnés. Un bilan en demi-teinte...


note
*
Un audit réalisé en 2021 et rendu public courant février 2023

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