Sa création, longue de cinq ans, en fait une pionnière dans la région car, "de Gravelines à Bray-Dunes, en passant par Bergues, nous sommes la seule maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) sur ce territoire de 260 000 habitants", explique le Dr Christophe Berkhout, initiateur du projet. La MSP du Kruysbellaert a vu le jour début octobre 2018 en réponse à diverses difficultés sociales : "L’offre de soins de proximité était en net déclin. Et là où il y avait une vingtaine de médecins dans l’Ouest dunkerquois, il n’y en a plus qu’une dizaine. Et ça continue…" D’autant que certains quartiers ont du mal à attirer de nouveaux médecins. Et ce "même à Saint-Pol-sur-Mer bien qu’il y ait une zone franche qui attirait auparavant les professions libérales", déplore le médecin. La MSP se présente donc comme une solution pour pallier le sous-effectif grandissant.



©MSP du Kruysbellaert

Dans ces quartiers défavorisés, la population n’a pas accès ou la maîtrise de l’outil informatique et ne va pas aller chercher les aides, explique le médecin : "Ils hésitent à pousser la porte d’une CPAM, d’une CAF ou d’une mairie. Car l’administratif est un milieu hostile vécu comme un outil répressif." Pour Élise Debruyne, assistante sociale et coordinatrice de la MSP, "un travailleur social a toute sa place dans une MSP, surtout sur un territoire 'marqué' par des indicateurs de précarité – environnement, logement, budget, contexte familial ou professionnel – qui peuvent parfois être des freins aux soins ou favoriser des ruptures de parcours".

Son intervention se situe à plusieurs niveaux : en contact direct avec les patients (grâce notamment à un partenariat avec des assistantes sociales de l’Assurance maladie) ou en réponse aux sollicitations des professionnels de santé de la MSP (mise en relation avec les réseaux de santé, concertations avec les partenaires du territoire, développement d’actions en santé publique, etc.). "Certains patients confient qu’ils n’auraient pas franchi le cap de la rencontre avec une assistante sociale si celle-ci ne se trouvait pas dans les locaux de la MSP, par peur, crainte ou éloignement…", explique-t-elle.
 

Concertation sur le terrain

Comptant une quinzaine de professionnels(1), la MSP mettra en place, courant 2020, un projet de coordination pour garantir la sécurité et la concertation pharmacologique : le pharmacien aura accès au dossier du patient et pourra y inscrire tout vaccin ou médicament délivré sans ordonnance. D’autres projets sont aussi en réflexion : adaptations thérapeutiques ethnocentrées (voir encadré), atelier de dépistage des cancers féminins…

Étant "plus proche de Londres que de Paris", le Dr Berkhout s’est inspiré du modèle des soins premiers en Angleterre "qui fonctionne bien, notamment avec les pratice nurses" ou aux Pays-Bas avec les assistants médicaux… "Le souci majeur reste le financement", déplore- t-il. Sollicités, la municipalité, le département et le conseil régional n’ont pas ouvert le portefeuille… Seule l’ARS Hauts-de-France "a joué son rôle pleinement", reconnaît- il. Le reste (équipements de sécurisation, d’adaptation et d’aménagement des locaux) a été pris en charge par les professionnels, sans aucune subvention régionale…

1. Trois médecins généralistes, 4 infirmières, 2 orthophonistes, 1 pédicure-podologue, 2 masseurs-kinésithérapeutes, 1 diététicienne, 1 sage-femme, 1 assistante sociale, 1 psychologue, 3 secrétaires et 2 pharmaciens hors les murs.

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