Face à ce constat, l'évolution des compétences et des métiers est-elle nécessaire pour libérer du temps médical ? Pour les syndicats représentatifs des médecins libéraux, la priorité repose avant tout sur la coordination. "Aujourd'hui, l'évolution des compétences coince, notamment parce qu'il y a beaucoup de confusion, ce qui rend impossible l'organisation du travail en équipe, estime Agnès Giannotti, présidente de MG France. Il ne faut pas tout mélanger. Le travail en interprofessionnalité au bénéfice des professionnels et des patients ne fait pas gagner du temps médical, c'est un mythe. Ce qui fait gagner du temps au médecin, c'est l'équipe rapprochée avec laquelle il travaille en proche coordination, à savoir l'infirmière Asalée, l'infirmière en pratique avancée (IPA) ou encore l'assistant médical." D'ailleurs, estime Luc Duquesnel, il est nécessaire de renforcer la place des assistants médicaux dans les cabinets "car les médecins travaillant avec eux prennent 10 à 15 % de patients en plus", fait-il savoir. Aujourd'hui, on en compte 2 500. Ce qui bloque ? La gestion des ressources humaines et l'adaptation architecturale des locaux, nous explique-t-on…
C'est donc à cette échelle que la coordination de proximité doit être renforcée. "L'ambiguïté est de mélanger les différents niveaux de coordination, ajoute Agnès Giannotti. Bien sûr qu'il faut s'organiser au niveau des CPTS, mais cela ne veut pas dire pour autant que nous allons prendre en charge conjointement un patient."
Un point de vue qu'elle soutient également vis-à-vis des IPA, dont le déploiement implique, selon elle, une proximité "très forte" avec les médecins généralistes, "car l'accès direct sans coordination peut conduire à une rivalité entre les professionnels. Or justement, à l'échelle des CPTS, il n'y a pas de coordination des effecteurs des soins, de logiciels communs, contrairement à l'échelon des MSP, des centres de santé et des équipes de soins primaires".