Pr Jean-Michel Chabot et Dr Pierre de Haas (ancien président de la FFMPS)

Simplifiez, simplifiez, simplifiez !

"Matrice de maturité" (ou bien "référentiel d’analyse et de progression"...) constituent des formulations plutôt obscures pour désigner ce qui vise en réalité à faciliter le travail des équipes sur le terrain. En fait, cette matrice regroupe les quatre éléments-clés constituant l’ADN des professionnels de santé en exercice : le projet de santé territorialisé, l’implication des patients, le travail en équipe et son support… le système d’information (dans ses différentes fonctionnalités).

À l’évidence, avec une ancienneté ou un recul croissant, ces quatre éléments sont mis en œuvre de manière plus ou moins "élaborée" et de façon de plus en plus habituelle, voire routinière, par des équipes du terrain ; c’est pourquoi le terme "maturité" a été accolé à la matrice. Au moment de l’écriture de cette matrice (en 2013), le groupe de travail réuni à la HAS avait décortiqué chacun des quatre éléments en "dimensions" puis en "caractéristiques", allant ainsi du général au spécifique et à l’ultraspécifique. Il a pu s’ensuivre, par des professionnels consciencieux, une utilisation pointilleuse…. Quelquefois fastidieuse.

On peut également, dans la vraie vie, s’affranchir de ces spécifications et aller à l’essentiel, c’est-à-dire animer et structurer l’exercice quotidien d’une équipe pluripro, globalement, autour de ces quatre éléments-clés. Dans cette mesure, la matrice de maturité n’est plus un "outil" se prêtant volontiers à un usage scolaire ou pire, administratif, mais une sorte de vade-mecum aux mains des professionnels et qui donne à l’organisation du travail clinique tout son sens. Rien n’empêche alors de faire un point sur la maturité du fonctionnement d’une équipe et au-delà d’en déduire des possibilités de développement.

Un mot encore pour rappeler une précision souvent négligée, sinon ignorée. Animer et structurer le travail d’une équipe pluripro sur un territoire, n’est pas l’affaire d’un jour ; cela relève plutôt d’une démarche progressive, cyclique, intégrée à l’exercice quotidien, où les innovations successives sont inspirées par les professionnels eux-mêmes avant d’être soumises au "retour d’expérience"… et ainsi de suite.


Dr Béatrice Allard-Coualan, présidente de l'association Essort (branche bretonne de la FFMPS)

De l'utilisation de la matrice de maturité en équipe : objectif à atteindre ou moyen d'atteindre ses objectifs ?

La présentation de la matrice de maturité aux équipes pluriprofessionnelles de soins primaires peut éveiller nombre de réactions allant de la curiosité à l’inquiétude exprimée de ne pas y arriver. Mais que faut-il réussir ? La question est un point de départ de rencontre des équipes avec leur projet et laisse entrevoir la possibilité d’organiser le voyage à l’aide de cette carte. Proposer la matrice de maturité à une équipe, c’est accepter de voir l’outil tordu, déformé, adapté par les professionnels qui hésitent sur la direction à choisir. Utiliser la matrice de maturité c’est peut-être commencer par se fixer une date d’échanges en équipe, un ordre du jour.

Qu’il s’agisse de faire le point sur la rédaction du projet, sa mise en place ou d’imaginer de nouveaux axes à ce projet, il est intéressant de faire s’exprimer chacun à partir de l’outil. Est-ce que l’on aborde le travail en équipe, le système d’information ? Ou bien parle t-on du projet de santé, de l’implication des usagers ? On peut aussi décider de partir d’une situation d’accompagnement vécue par l’équipe. Une fois l’objectif posé, la matrice de maturité permet de lister les étapes du projet.

Reste à planifier les actions à réaliser, à choisir un référent qui sera garant de la mise en œuvre des décisions de l’équipe. Les professionnels ayant testé l’outil nous disent "la nécessité d’avoir un animateur connaissant les principales briques de l’outil. La matrice est un outil de diagnostic de l’équipe et permet de faire des points étapes, il s’agit d’un outil utilisable pour s’assurer d’avoir balayé les solutions à une situation patient complexe. On peut s’y référer pour aller plus loin".


 


 

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