Depuis mars dernier, date de lancement de la grève entamée par le collectif InterUrgences, le torchon brûle entre les pouvoirs publics et les professionnels de santé. La raison : en vingt ans, le nombre de passages aux urgences a doublé… alors que 20 % de ces quelque 21,4 millions de visites – ou 43 %, estime Thomas Mesnier – ne relèveraient pas de la médecine d’urgence. Trop de passages et pas assez d’effectifs pour ces services qui n’ont pas été conçus pour supporter une telle charge. Résultat, les compteurs d’Inter-Urgences s’affolent : 63 services en grève en mai, 101 en juin, 266 (soit près d’un sur deux) au 3 octobre dernier…

En réponse à cette « crise », la ministre de la Santé a proposé diverses mesures, étalées sur trois ans, dans le cadre de son « pacte de refondation ». Acte I en juin dernier, avec 70 millions d’euros dont une prime de 100 euros mensuels net (le personnel demandait trois fois plus). Le 3 et 9 septembre, deuxième et troisième volets lourds de 750 millions d’euros… Une proposition agrémentée de mots-clés qui sentent bon la réflexion collégiale et le souci de l’autre (« mettre en place des transformations profondes et concrètes visant à inventer des organisations modernes, soutenir les professionnels de santé et ainsi améliorer les soins pour tous dans notre pays »). Ça, c’est la théorie.

 


Karen Ramsay, rédactrice en chef

Dans la pratique, les choses ne sont pas si simples. Et si bon nombre de soignants ne décolèrent pas, le public n’est pas plus convaincu : près de 9 Français sur 10 ne seraient pas satisfaits de ces mesures, révèle le « Carnet de santé » de la MNH. Que peut faire Agnès Buzyn ? La réponse à cette crise doit-elle venir d’une réorganisation de la médecine de ville ? Faut-il voir dans sa décision de renforcer les moyens, notamment économiques, aux urgences comme un échec du virage ambulatoire et des missions confiées aux structures coordonnées ?

Nous l’avons interrogée sur toutes ces questions – et plus encore... – sans toujours trouver de réponse. Dommage. Les urgences, chronique d’une catastrophe annoncée ? Oui, disent plusieurs soignants, la faute à une succession de décisions prises au fil de l’eau, au gré des événements, en réponse aux crises… sans réelle mise à plat du système. Et c’est ce qui manque.

Si cette crise aux urgences est la conséquence d’une défaillance organisationnelle entre l’hôpital et la ville, la question est de savoir comment, et sous quelles formes, peut se traduire la contribution de la ville. Une réponse à apporter rapidement, et surtout sur le long terme, pour donner un peu d’air à un système de santé au bord de l’asphyxie

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