Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Réglementation de la profession

En cas de troubles psychiques, un médecin peut-il être suspendu, totalement ou partiellement, par l'Ordre ?

- 9 octobre 2025 -

Comme l'indique l'article R4124-3 du code de la santé publique, dans le cas d'infirmité ou d'état pathologique rendant dangereux l'exercice de la médecine, une suspension temporaire du droit d'exercer peut être prononcée par l'Ordre. Cette suspension, même si elle est temporaire et éventuellement renouvelable après une nouvelle expertise, est totale : un médecin doit ainsi disposer de toutes ses capacités physiques et intellectuelles pour pouvoir exercer sereinement, en toute sécurité.

Réglementation de la profession

Un médecin, radié du tableau de l'Ordre pour des faits de violence et de séquestration sur ses enfants, peut-il voir cette sanction annulée par le Conseil d'État ?

- 9 octobre 2025 -

Dans un arrêt du 7 mars 2025, le Conseil d'État a jugé qu'une telle sanction était "hors de proportion avec les fautes en cause", après avoir rappelé que ces faits, "quoique d'une particulière gravité, ont été commis hors du cadre professionnel et n'ont eu un retentissement que sur le plan local...". Le Conseil d'État a ainsi annulé cette mesure de radiation après avoir ajouté que ce praticien avait engagé, dès 2016, un suivi psychiatrique lui ayant permis d'évoluer favorablement.

Secret professionnel

Le dossier médical d'un patient peut-il être communiqué à sa personne de confiance ?

- 9 octobre 2025 -

Sauf opposition du patient, l'article L1110-4 du code de la santé publique précise qu'en cas de diagnostic ou de pronostic grave, le secret médical ne s'oppose pas à ce que la personne de confiance, désignée par le patient, puisse recevoir les informations nécessaires destinées à lui permettre d'apporter son soutien. Ce dossier doit être communiqué par un médecin. Et l'article L1111-4 d'ajouter qu'aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée sur un patient dans l'impossibilité d'exprimer sa volonté sans que cette personne de confiance ait été consultée (sauf urgence).

Responsabilité légale

En cas d'effets indésirables liés à une vaccination obligatoire, un patient peut-il être indemnisé ?

- 9 octobre 2025 -

Comme l'a rappelé le Conseil d'État dans plusieurs décisions rendues le 7 novembre 2024, lorsque l'imputabilité de la pathologie à la vaccination n'est pas scientifiquement prouvée, mais ne peut cependant être totalement écartée au regard de la littérature scientifique, la preuve du lien de causalité peut, dès lors, résulter d'un faisceau d'indices de nature à constituer une présomption, en l'absence d'autres causes possibles.

Exercice médical

Des précautions particulières doivent-elles être prises si on est amené à soigner un ami ?

- 9 octobre 2025 -

Si un professionnel de santé peut prendre en charge un ami, cela ne le dispense pas de respecter ses obligations professionnelles, comme la nécessité de tenir et compléter son dossier médical. Dans un contexte de séparation de couple, un médecin généraliste a accepté de recevoir en consultation et de prendre en charge l'un de ses amis souffrant de troubles du sommeil et d'un syndrome dépressif. Après lui avoir conseillé de consulter un psychiatre, ce médecin généraliste va lui prescrire un somnifère en l'associant à un antidépresseur, diagnostiquant une dépression "majeure".

Deux jours après cette dernière consultation, cet ami se suicide. La famille décide alors de porter plainte contre ce médecin, au civil et devant l'Ordre, lui reprochant notamment de ne pas avoir assuré un suivi correct de son ami, d'avoir sous-estimé le risque de passage à l'acte et de ne pas avoir tenu de dossier médical. L'Ordre a ainsi condamné ce praticien à un blâme pour ne pas s'être assuré du suivi de son ami patient par un confrère psychiatre au moment de la prescription d'un antidépresseur, pour avoir post-daté une ordonnance et pour ne pas avoir tenu de dossier médical. Sur le plan civil, après plusieurs années de procédure, la cour d'appel de Bordeaux, dans un arrêt du 11 juin 2024, n'a pas condamné ce médecin mais l'a obligé à rapporter la preuve qu'il n'avait pas commis de faute dans la prise en charge médicale de son ami car il n'avait pas tenu de dossier médical. Grâce à des attestations écartant l'hypothèse d'idées suicidaires de son ami et ayant pu démontrer que sa prescription était adaptée et qu'il n'était pas nécessaire de prendre d'autres mesures, comme une hospitalisation, ce médecin a pu éviter une condamnation financière.

Immobilier & patrimoine

Notre cabinet est situé au fond d'une cour, dans un immeuble collectif, rendant notre accès difficile pour certains patients. Un fléchage signalétique ou l'apposition de plaques supplémentaires sont-ils envisageables ?

- 4 juillet 2025 -

Comme le rappelle l'article R.4127-81 du code de la santé publique, un médecin est autorisé à apposer une plaque à l'entrée de son immeuble et une autre à la porte de son cabinet. Et cet article de préciser que "lorsque la disposition des lieux l'impose, une signalisation intermédiaire peut être prévue". Si la configuration de votre installation rend difficilement visible la présence de votre cabinet médical, vous pouvez solliciter l'avis de votre conseil départemental de l'Ordre et de votre syndic pour trouver une solution favorable (signalétique supplémentaire, autre plaque...).

Responsabilité légale

Si un patient, à la suite de la pose d'une prothèse de genou, souffre de douleurs résiduelles nécessitant son remplacement, pourra-t-il mettre en cause la responsabilité de son chirurgien ?

- 4 juillet 2025 -

L'hôpital, la clinique ou encore le chirurgien ayant posé la prothèse sont susceptibles d'être mis en cause. Toutefois, comme l'a rappelé un arrêt du Conseil d'État du 10 juillet 2024, si le défaut de la prothèse est lié à un conditionnement inapproprié choisi par le fabricant, causant une usure prématurée, l'hôpital (ou la clinique si l'intervention a eu lieu dans le privé) pourra exercer une action récursoire contre le fabricant en invoquant la négligence fautive de ce dernier.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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