Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Réglementation de la profession

Un médecin remplaçant doit-il utiliser sa propre carte de professionnel de santé ?

- 13 novembre 2025 -

Comme le rappelle l'article 10-4 de la convention médicale, un médecin qui effectue des remplacements doit utiliser sa propre carte de professionnel de santé (CPS) pour la facturation de ses actes et l'accès aux téléservices amelipro. Le médecin remplacé devra paramétrer la session de remplacement sur son poste Sesam Vitale. L'usage de la CPS étant strictement personnel, prêter sa carte constitue "un procédé gravement irrégulier", selon une décision de la section des assurances du Conseil national de l'ordre du 26 octobre 2023.

Réglementation de la profession

En cas d'insuffisance professionnelle, un médecin peut-il être suspendu, totalement ou partiellement, par l'Ordre ?

- 13 novembre 2025 -

Lorsqu'il s'agit d'une insuffisance professionnelle constatée par expertise, un médecin peut être suspendu temporairement, pour une période déterminée éventuellement renouvelable. Cette suspension peut être totale ou partielle, l'Ordre pouvant considérer que si un médecin présente certaines lacunes dans ses connaissances médicales, nécessitant un besoin de formation, celles-ci ne sont pas forcément incompatibles avec la poursuite d'une partie de son activité, laquelle ne doit pas avoir d'incidence néfaste, et donc dangereuse, sur la sécurité des patients.

Gestion du personnel

Peut-on reprocher à un pharmacien de ne pas avoir vérifié la qualification nécessaire à l'emploi de l'une de ses préparatrices en pharmacie ?

- 13 novembre 2025 -

Pour occuper un emploi de préparatrice en pharmacie dans une officine, l'intéressée doit posséder un diplôme et bénéficier d'une autorisation préfectorale, dans la mesure où il s'agit d'une profession réglementée. Dans une procédure de licenciement récente, la Cour de cassation a jugé, dans un arrêt du 26 mars 2025, qu'un employeur, qui aurait maintenu la relation de travail pendant des années sans vérifier le diplôme de sa salariée, ne peut invoquer sa propre négligence pour justifier un licenciement pour faute grave. Bien que cette salariée n'ait pas eu le diplôme requis pour exercer comme préparatrice en pharmacie, son employeur ne pouvait se prévaloir de cette irrégularité qu'il a lui-même tolérée. Rappelons que le contrat de travail doit soumettre l'emploi d'une préparatrice en pharmacie à la détention d'un diplôme qui doit être demandé par l'employeur et communiquée par la salariée, alors que la dissimulation d'une telle information peut engager la responsabilité pénale de l'employeur.

Responsabilité légale

Une infection contractée au domicile d'un patient peut-elle être qualifiée de nosocomiale ?

- 13 novembre 2025 -

Non, a répondu la cour administrative d'appel de Versailles, dans un arrêt du 15 mai 2025, considérant qu'une infection contractée à domicile lors d'une intervention d'urgence hospitalière ne pouvait être considérée comme nosocomiale. Pour la cour de Versailles, ce type d'infection doit avoir été contracté dans un établissement de santé pour être reconnu comme tel.

Responsabilité légale

Exerçant à titre libéral au sein d'une MSP, pendant combien d'années ma responsabilité peut-elle être engagée par un patient ?

- 13 novembre 2025 -

La prescription d'une action en justice est le délai au-delà duquel cette action n'est plus recevable du fait du temps écoulé. Ce délai est fixé à dix ans, à compter de la consolidation du dommage, en matière civile. La consolidation correspondant à la date à laquelle l'état de la victime est considéré comme stabilisé, cette date de consolidation peut ainsi être tardive et donc faire reculer le point de départ de ce délai de prescription, lequel peut également être interrompu ou suspendu par certains événements (mesure d'instruction, recherche de médiation...). Si le patient est mineur, ce délai de prescription est suspendu jusqu'à sa majorité : la responsabilité du médecin pourra alors être recherchée pendant vingt-huit ans, voire plus si la consolidation est fixée bien après la majorité du patient. Des délais dont la longueur justifie de conserver ses dossiers médicaux pendant très longtemps, afin de pouvoir s'expliquer et se justifier en cas de mise en cause tardive.

Si vous êtes mis en cause sur le plan pénal, généralement pour un délit (homicide involontaire, atteinte involontaire à l'intégrité physique, non-assistance à personne en danger, violation du secret médical...), ce délai de prescription est fixé à six ans.

Enfin, sur le plan ordinal et donc disciplinaire, il n'existe pas de délai pour saisir l'Ordre. Les griefs avancés par votre patient sont imprescriptibles et peuvent donc donner lieu à des poursuites disciplinaires, sans condition de délai.

Réglementation de la profession

Un pédicure-podologue peut-il déposer des cartes de visite dans des commerces ?

- 13 novembre 2025 -
L'Ordre des pédicures-podologues vous répond...

[L'Ordre des pédicures-podologues vous répond...]

Un pédicure-podologue, en tant que professionnel de santé, ne peut exercer la profession comme un commerce, de sorte que toute forme de publicité est interdite. Ainsi, le professionnel qui dépose des cartes de visite ou tout autre support d'information dans des commerces de proximité (pharmacies, salons de coiffure, commerces divers...) s'expose à un manquement déontologique. En effet, les articles R4322-39 et R4322-39-1 du code de la santé publique, complétés par la recommandation d'avril 2023 relative à l'information et à la communication, précisent que les modalités d'information du public doivent rester exemptes de tout caractère promotionnel ou commercial. Or la diffusion non sollicitée de documents dans des lieux à vocation marchande est assimilée à du démarchage et donc réprimée par le code de déontologie.

carteLa chambre disciplinaire de première instance du Grand Est, dans sa décision du 3 octobre 2024, rappelle que la communication autorisée doit rester informative, loyale et discrète et ne saurait en aucun cas se confondre avec une stratégie de prospection : "Elle est loyale et honnête, ne fait pas appel à des témoignages de tiers, ne repose pas sur des comparaisons avec d'autres pédicures-podologues ou établissements et n'incite pas à un recours inutile à des actes de prévention ou de soins", en écho à l'article du code de la santé publique cité ci-dessus.

En conséquence, les professionnels sont invités à s'assurer, avant toute action de communication, de la conformité de celle-ci aux dispositions réglementaires et déontologiques en vigueur.

Immobilier & patrimoine

L'ouverture d'un cabinet secondaire peut-elle intervenir sans autorisation préalable de l'Ordre ?

- 13 novembre 2025 -
L'Ordre des pédicures-podologues vous répond...

[L'Ordre des pédicures-podologues vous répond...]

L'exercice dans un cabinet secondaire est soumis à une autorisation préalable du conseil régional ou inter-régional de l'Ordre, conformément aux articles R4322-77 et R4322- 79 du code de la santé publique. Cette autorisation n'est pas automatique : elle implique une évaluation des conditions matérielles d'exercice, de la conformité des locaux ainsi que de l'impact sur l'organisation territoriale de l'offre de soins.

Dans une affaire examinée le 7 juillet 2025, un professionnel de santé a été sanctionné pour avoir ouvert plusieurs cabinets secondaires sans en avoir sollicité l'autorisation. Ce manquement constitue une infraction à la réglementation, indépendamment de la qualité des soins dispensés. L'objectif de cette réglementation est de garantir une offre de soins cohérente et régulée, dans l'intérêt du patient comme de la profession. Il revient donc à chaque professionnel d'anticiper et de formaliser, auprès du conseil régional ou inter-régional, tout projet d'installation secondaire, avant d'engager de quelconques frais.

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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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