[L'Ordre des pédicures-podologues vous répond...]
La frontière entre vie privée et vie professionnelle n'est pas toujours clairement définie pour les pédicures-podologues. En matière disciplinaire, les obligations déontologiques ne s'arrêtent pas à l'exercice professionnel strict, elles s'appliquent également à la vie extraprofessionnelle. Une récente décision du Conseil d'État rappelle ainsi que des faits survenus en dehors du cadre de l'activité professionnelle peuvent justifier des poursuites disciplinaires.
Dans sa décision n° 472341 du 12 juin 2024, le Conseil d'État a annulé une décision de la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins qui avait rejeté une plainte au motif que les faits reprochés n'étaient pas directement liés à l'exercice de la médecine. Il a précisé que les règles déontologiques imposées aux professionnels de santé doivent être respectées en toutes circonstances, y compris dans la sphère privée.
L'article R4322-33 du code de la santé publique, qui régit la déontologie des pédicures-podologues, prévoit ainsi que "le pédicure-podologue doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l'exercice de sa profession". Autrement dit, un pédicure-podologue peut être sanctionné par l'Ordre pour des comportements extraprofessionnels s'ils sont contraires aux principes de moralité et de probité imposés par le code de déontologie.
Plusieurs décisions disciplinaires illustrent que des faits commis dans la vie privée peuvent entraîner des sanctions : blâme pour non-paiement d'une pension alimentaire ayant conduit à une condamnation pénale (chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins, 15 mai 2013, n° 11554) ; interdiction d'exercice d'un an pour fraude fiscale avec organisation volontaire de son insolvabilité (chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des chirurgiens-dentistes, 26 février 2009, n° 1723) ; radiation du tableau de l'Ordre pour fausse déclaration de vol après simulation d'un cambriolage (Conseil d'État, 18 octobre 1989, n° 96417)...
Dans ces affaires, les sanctions ne concernent pas des fautes professionnelles mais bien des comportements personnels jugés contraires aux obligations déontologiques. Un pédicure-podologue ne peut donc pas se retrancher derrière le caractère privé d'un acte pour échapper à d'éventuelles poursuites disciplinaires. Son comportement en dehors de son activité professionnelle peut entraîner des conséquences sur son inscription à l'Ordre dès lors qu'il compromet les principes fondamentaux de la profession. L'Ordre national des pédicures-podologues est donc en droit de sanctionner les atteintes à la probité et à la moralité, même si elles sont commises dans la sphère personnelle.