Une infirmière peut-elle être poursuivie et condamnée si elle ne porte pas assistance à une personne en danger ?
Pour n'avoir pas contacté directement le centre 15 en présence d'un patient inconscient, découvert à son domicile au cours de sa tournée, une infirmière a été condamnée à un avertissement par la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des infirmiers, dans une décision rendue le 15 novembre 2024. Après avoir placé son patient en position latérale de sécurité, elle a prévenu son fils et son médecin généraliste avant de décider de reprendre sa tournée. Le médecin traitant sera alerté peu de temps après : il préviendra le Samu, qui hospitalisera ce patient, lequel décèdera deux jours plus tard. Ce qui a été reproché à cette infirmière n'était pas de s'être abstenue délibérément d'intervenir mais de ne pas avoir enclenché un secours approprié et adapté aux circonstances. Dans la mesure où le médecin traitant n'était pas immédiatement joignable, elle aurait dû appeler directement et personnellement le centre 15 et attendre l'arrivée des secours avant de poursuivre sa tournée, a tenu à rappeler l'Ordre en s'appuyant sur l'article R.4312-43 du code de la santé publique, qui précise qu'en cas d'urgence, une infirmière décide des gestes à pratiquer en attendant que puisse intervenir un médecin et "prend toute mesure en son pouvoir afin de diriger la personne vers la structure de soins la plus appropriée à son état".
La chambre disciplinaire de première instance du Grand Est, dans sa décision du 3 octobre 2024, rappelle que la communication autorisée doit rester informative, loyale et discrète et ne saurait en aucun cas se confondre avec une stratégie de prospection : "Elle est loyale et honnête, ne fait pas appel à des témoignages de tiers, ne repose pas sur des comparaisons avec d'autres pédicures-podologues ou établissements et n'incite pas à un recours inutile à des actes de prévention ou de soins", en écho à l'article du code de la santé publique cité ci-dessus.