La notion de perte de chance s'applique-t-elle uniquement à la responsabilité médicale ?
Un professionnel de santé qui, par sa faute, fait perdre à son patient une chance de guérison ou de survie, engage sa responsabilité. Il pourra être tenu de réparer le préjudice subi par son patient : un préjudice spécifique, distinct du préjudice final, constitué par la chance perdue. Un défaut d'information ou encore un manque de moyens peuvent occasionner un préjudice pour un patient victime, appelé perte de chance. Cette notion de perte de chance peut aussi concerner d'autres domaines de responsabilité et impliquer personnellement un médecin, cette fois en qualité de victime. Un étudiant en médecine, à la suite d'un accident de la circulation dont il a été victime, n'a pu, en raison de cet accident, valider le stage d'interne en médecine de six mois, l'obligeant à décaler de six mois sa possibilité d'exercer. Il a ainsi subi un préjudice pouvant s'apparenter à une perte de chance. Comme l'a jugé la Cour de cassation, dans un arrêt du 13 juin 2019, ce préjudice résultant du démarrage tardif de son activité professionnelle ne s'analysait pas en une perte ou une diminution de revenus mais correspondait uniquement aux désagréments liés au décalage de six mois du début de son activité professionnelle. Ce préjudice devait ainsi être pris en compte, car l'intéressé avait commencé à exercer en tant que médecin en mai 2014 alors que, sans l'accident qui l'a empêché de valider son stage d'interne, il aurait commencé à exercer dès le mois de novembre 2013.