Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Réglementation de la profession

Un médecin peut-il être suspendu par l’Ordre du fait de son âge et/ou de son état de santé très dégradé ?

- 30 novembre 2022 -

Après avoir rappelé les conditions de validité de la procédure de suspension d’un professionnel de santé motivée par l’existence d’un état pathologique rendant dangereux l’exercice de la médecine et précisées par les articles R4124-3 et suivants du code de la santé publique, le Conseil d’État, dans un arrêt du 15 juin 2022, a donné raison à l’Ordre. Dans une précédente décision, le Conseil national de l’Ordre avait suspendu un médecin généraliste du fait de sa dangerosité. Ce médecin, âgé de plus de 80 ans, souffrait de troubles sensitifs importants et d’un état de santé physique très dégradé empêchant la régularité et la disponibilité nécessaires à un médecin. Pour le Conseil d’État, le Cnom a suffisamment motivé sa décision, qui s’appuyait sur un rapport de trois experts, en prononçant une mesure de suspension d’une durée de trois ans.

Statut juridique

À qui transmettre les statuts de notre Sisa nouvellement constituée ?

- 30 novembre 2022 -

Vos statuts, après avoir été établis par écrit, devront être transmis ainsi que leurs avenants, un mois au moins avant leur enregistrement, aux Ordres professionnels aux tableaux desquels sont inscrits les associés de votre Sisa, ainsi qu’à l’agence régionale de santé.

Ethique professionnelle

Au sein de notre maison de santé, l’un de nos associés souffre d’une addiction à l’alcool. Certains de ses patients nous en parlent mais n’osent pas le dénoncer. Que pouvons-nous faire ?

- 30 novembre 2022 -

Au-delà d’une obligation morale, l’assistance à un confrère dans l’adversité est une obligation déontologique et confraternelle mais qui ne doit pas occulter les difficultés pratiques d’une telle situation. Il semble ainsi primordial d’évoquer avec ce praticien les problèmes rapportés par ses patients et de lui proposer votre aide en l’incitant à se faire soigner et à prendre, au moins temporairement, des dispositions pour le suivi de sa patientèle. Lui rappeler aussi que son addiction à l’alcool peut influer sur son comportement et altérer la qualité de ses décisions ou de son diagnostic. Sans vouloir dénoncer ce confrère, et sous réserve d’avoir des preuves avérées de son comportement dangereux, il convient de lui rappeler que sa responsabilité demeure personnelle et que les effets de son comportement et de son addiction peuvent nuire à ses associés et à l’image de la maison de santé. Sur le plan pénal, la notion de non-assistance à "malade en danger" pourrait même être invoquée si les faits sont connus et avérés : il faut alors réagir rapidement en conciliant les intérêts des malades et ceux du confrère.

Réglementation de la profession

L’une de mes ordonnances a été falsifiée, comme l’atteste un pharmacien qui m’a contacté. Que dois-je faire ?

- 28 octobre 2022 -

Comme en matière de perte ou de vol, vous devez réagir rapidement, en portant plainte auprès du commissariat ou de la brigade de gendarmerie la plus proche. Il vous faudra communiquer l’ordonnance falsifiée et tous les éléments de preuve permettant d’identifier l’auteur des faits. Une falsification d’ordonnance étant considérée comme une escroquerie, l’article 313-1 du code pénal prévoit une sanction de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende pour l’auteur d’une telle infraction. Vous devrez prévenir votre conseil départemental de l’Ordre en lui adressant une copie de votre plainte. Il faudra également informer l’ARS et votre CPAM.

Réglementation de la profession

Un professionnel de santé exerçant à titre libéral doit-il obligatoirement avoir un compte bancaire professionnel ?

- 28 octobre 2022 -

Selon l’article L613-10 du code de la Sécurité sociale, "les travailleurs indépendants mentionnés à l’article L613-7 sont tenus de dédier un compte ouvert dans un des établissements mentionnés à l’article L123-24 du code de commerce à l’exercice de l’ensemble des transactions financières liées à leur activité professionnelle lorsque leur chiffre d’affaires a dépassé pendant deux années civiles consécutives un montant annuel de 10 000 euros". Toutefois, si votre convention de compte personnel indique que celui-ci doit avoir un usage uniquement privé, votre banque est en droit d’y mettre fin même si votre chiffre d’affaires annuel est inférieur à 10 000 euros. Elle devra alors vous notifier sa décision par courrier recommandé en respectant un préavis fixé normalement à deux mois.

Réglementation de la profession

La garantie des accidents de la vie (GAV) peut-elle s’appliquer en cas d’infection nosocomiale ?

- 28 octobre 2022 -

La GAV ne couvre pas les accidents de la vie professionnelle mais les accidents de la vie privée, comme les accidents domestiques, les accidents survenus dans le cadre des loisirs, les accidents médicaux ou encore les agressions et attentats. Autant d’accidents qui peuvent avoir des répercussions graves sur l’activité professionnelle, notamment d’un professionnel de santé. Si cette assurance n’est pas obligatoire, elle est fortement conseillée car ces accidents peuvent être graves et non pris en charge par d’autres assurances. Selon l’Inserm, environ 5 % des patients hospitalisés contractent une infection nosocomiale. Une telle infection et ses conséquences peuvent être prises en charge par une GAV, selon les termes du contrat. Si celui-ci définit l’accident comme une atteinte corporelle non intentionnelle de la part de l’assuré, provenant de l’action soudaine et imprévisible d’une cause extérieure, à l’exclusion d’une maladie, la GAV pourra s’appliquer. Ce sera notamment le cas si l’infection a été causée par un élément exogène. Le décès d’un assuré dû à la présence d’une bactérie de type staphylocoque doré contractée au sein d’un hôpital doit ainsi être couvert par l’assureur au niveau du versement d’un capital décès, si l’on considère que la bactérie était en cause et qu’il s’agissait bien d’un élément extérieur.

Rémunération & fiscalité

Une plainte ordinale déposée contre un professionnel de santé peut-elle être jugée abusive et donner lieu au paiement d’une amende et de dommages et intérêts ?

- 28 octobre 2022 -

Si la plainte d’un patient est seulement motivée par une intention malveillante et donc de nuire, elle pourra être rejetée et donner lieu au versement de dommages et intérêts au bénéfice du praticien. Une interprétation qui peut toujours être contestée, notamment par le Conseil d’État. Dans un arrêt du 29 juin 2022, celui-ci a ainsi annulé une décision de la chambre disciplinaire de l’Ordre national des chirurgiens-dentistes, qui avait jugé abusive la plainte d’une patiente. Celle-ci reprochait à son dentiste de lui avoir retiré une dent saine sans son consentement. Mais pour le Conseil d’État, la procédure engagée par cette patiente ne revêtait pas un caractère abusif, la requête était précise et la plainte "n’était pas motivée par une intention de nuire" au praticien.

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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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