Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Ethique professionnelle

Exerçant au sein d’une maison de santé, avec un secrétariat disponible, puis-je refuser de répondre au téléphone à l’un de mes patients ?

- 30 novembre 2022 -

Si vous pouvez donner certaines consignes à votre secrétariat pour ne pas être dérangé en pleine consultation, en cas d’urgence, vous devez prendre l’appel ou rappeler votre patient dans un délai raisonnable. Ne plus jamais être joignable au téléphone semble discutable sur un plan déontologique et médico-légal. La conscience professionnelle d’un médecin implique attention minutieuse, disponibilité et compétence. Si de graves erreurs de diagnostic au téléphone peuvent conduire à des risques de mise en cause et donc de condamnations, le simple fait de ne pas répondre à des appels ou de se rendre injoignable au téléphone serait tout aussi répréhensible, et un médecin pourrait se voir reprocher un manque de disponibilité et des moyens inadaptés à sa pratique.

Devoir d'information

Dois-je informer mes patients sur le montant de mes honoraires ?

- 30 novembre 2022 -

Dans votre bureau ou dans votre salle d’attente, vous êtes tenu d’afficher, de manière visible et lisible, les tarifs des honoraires que vous pratiquez. Comme sur votre plaque professionnelle, vous devrez préciser votre conventionnement (secteur 1, secteur 2 à honoraires libres, non conventionné). Si vous avez recours à une plateforme de prise de rendez-vous, l’indication du conventionnement doit aussi être mentionnée, et une information sur les honoraires pratiqués et les modes de paiement acceptés doit également être précisée.

Rémunération & fiscalité

Un médecin peut-il facturer un rendez-vous non respecté et non annulé par un patient ?

- 30 novembre 2022 -

Les médecins sont confrontés à une augmentation de rendez-vous non honorés. Des organisations syndicales plaident pour un durcissement des mesures à l’encontre de ces patients, et la Cnam devrait prochainement communiquer sur ce sujet, qui fait perdre aux médecins des milliers d’heures, alors que certains malades connaissent des difficultés d’accès aux soins.

Sur un plan légal, l’article L1111-3-4 du code de la santé publique rappelle qu’un médecin conventionné ne peut facturer à un patient que les frais correspondant à la prestation de soins assurée. Malgré la gêne occasionnée dans sa journée de consultations, il ne peut exiger le paiement d’une prestation qui ne correspond pas directement à une prestation de soins. Et l’article R4127-53 du même code d’ajouter que les honoraires d’un médecin doivent être déterminés en tenant compte des actes dispensés alors qu’ils ne pourront être réclamés qu’à l’occasion d’actes réellement effectués. Face à ces marques d’incivilité, et dans l’attente d’une éventuelle modification des règles existantes, les médecins ou leur secrétariat doivent rappeler à leurs patients de les prévenir de leur indisponibilité pour se rendre à un rendez-vous programmé.

Devoir d'information

La responsabilité d’un établissement de santé peut-elle être recherchée par un patient, à raison d’une perte de chance découlant d’un manquement à une obligation d’information ?

- 30 novembre 2022 -

À la suite d’une désinsertion d’un tendon, une patiente se fait opérer afin de le refixer. Cette intervention échoue et aboutit à une paralysie du pied. La patiente recherche alors la responsabilité de l’établissement hospitalier dans lequel a eu lieu cette intervention, à raison d’une perte de chance découlant d’un manquement à l’obligation d’information. Après plusieurs mois de procédure, le Conseil d’État, dans un arrêt du 20 novembre 2020, a écarté les prétentions de cette patiente en jugeant qu’en raison de son état de santé, de son évolution prévisible en l’absence de réalisation de l’acte et des alternatives thérapeutiques qui pouvaient lui être proposées, même informée de la nature et de l’importance de ce risque, cette dernière aurait consenti à l’acte en question.

Réglementation de la profession

Un médecin peut-il être suspendu par l’Ordre du fait de son âge et/ou de son état de santé très dégradé ?

- 30 novembre 2022 -

Après avoir rappelé les conditions de validité de la procédure de suspension d’un professionnel de santé motivée par l’existence d’un état pathologique rendant dangereux l’exercice de la médecine et précisées par les articles R4124-3 et suivants du code de la santé publique, le Conseil d’État, dans un arrêt du 15 juin 2022, a donné raison à l’Ordre. Dans une précédente décision, le Conseil national de l’Ordre avait suspendu un médecin généraliste du fait de sa dangerosité. Ce médecin, âgé de plus de 80 ans, souffrait de troubles sensitifs importants et d’un état de santé physique très dégradé empêchant la régularité et la disponibilité nécessaires à un médecin. Pour le Conseil d’État, le Cnom a suffisamment motivé sa décision, qui s’appuyait sur un rapport de trois experts, en prononçant une mesure de suspension d’une durée de trois ans.

Statut juridique

À qui transmettre les statuts de notre Sisa nouvellement constituée ?

- 30 novembre 2022 -

Vos statuts, après avoir été établis par écrit, devront être transmis ainsi que leurs avenants, un mois au moins avant leur enregistrement, aux Ordres professionnels aux tableaux desquels sont inscrits les associés de votre Sisa, ainsi qu’à l’agence régionale de santé.

Ethique professionnelle

Au sein de notre maison de santé, l’un de nos associés souffre d’une addiction à l’alcool. Certains de ses patients nous en parlent mais n’osent pas le dénoncer. Que pouvons-nous faire ?

- 30 novembre 2022 -

Au-delà d’une obligation morale, l’assistance à un confrère dans l’adversité est une obligation déontologique et confraternelle mais qui ne doit pas occulter les difficultés pratiques d’une telle situation. Il semble ainsi primordial d’évoquer avec ce praticien les problèmes rapportés par ses patients et de lui proposer votre aide en l’incitant à se faire soigner et à prendre, au moins temporairement, des dispositions pour le suivi de sa patientèle. Lui rappeler aussi que son addiction à l’alcool peut influer sur son comportement et altérer la qualité de ses décisions ou de son diagnostic. Sans vouloir dénoncer ce confrère, et sous réserve d’avoir des preuves avérées de son comportement dangereux, il convient de lui rappeler que sa responsabilité demeure personnelle et que les effets de son comportement et de son addiction peuvent nuire à ses associés et à l’image de la maison de santé. Sur le plan pénal, la notion de non-assistance à "malade en danger" pourrait même être invoquée si les faits sont connus et avérés : il faut alors réagir rapidement en conciliant les intérêts des malades et ceux du confrère.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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