Un médecin peut-il être condamné par l’Ordre pour avoir méconnu des indications de prescription ?
Le Conseil d’État, dans un arrêt du 14 juin 2022, a donné raison à la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins qui a condamné un médecin généraliste à trois ans d’interdiction d’exercice pour avoir prescrit des spécialités médicales faisant courir des risques à ses patients et susceptibles de créer un mésusage ou un détournement d’usage ainsi que de favoriser des trafics illicites de médicaments et de produits stupéfiants. Comme l’a rappelé le Conseil d’État dans sa décision, ce médecin "entre le 31 mars 2014 et le 31 mars 2015 a prescrit du Subutex, spécialité médicale indiquée comme produit de substitution aux opiacées, et du Skenan, spécialité médicale contenant de la morphine, à un nombre très élevé de patients, parfois domiciliés à grande distance de son cabinet, de façon systématique et stéréotypée, à des doses élevées, et en méconnaissance des indications de prescription de ces traitements et des règles particulières régissant leur prescription, lesquelles ont pour objet de prévenir leur mésusage, leur utilisation abusive, un usage détourné ou encore les trafics illicites, certaines de ses prescriptions excluant, en outre, toute possibilité de substitution par les spécialités génériques, lesquelles comportent moins de risque de mésusage ou de trafic".
