En cas de médiatisation excessive de son activité, un médecin peut-il être suspendu par l’Ordre ?
Dans un arrêt du 26 septembre 2018, le Conseil d’État a donné raison au Conseil national de l’Ordre des médecins pour avoir condamné un médecin à deux ans d’interdiction d’exercice, dont un an assorti de sursis, estimant que cette sanction n’était pas hors de proportion avec la faute commise, « en dépit de l’inexpérience revendiquée par ce médecin à l’égard du tourbillon médiatique dans lequel il aurait été entraîné ».
Ce médecin spécialisé en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique avait fait l’objet de plaintes à l’Ordre en raison de sa participation à des émissions de télévision pour lesquelles il avait accepté d’être filmé pendant ses consultations et ses interventions chirurgicales, dont il avait lui-même commenté le succès sur les réseaux sociaux et notamment sur son profil Facebook professionnel. Il était présenté dans certains médias comme le « chirurgien esthétique des stars ». Des informations revêtant un caractère publicitaire aux yeux de l’Ordre et du Conseil d’État, ce médecin ayant « vanté sa pratique médicale et mis en scène sa vie privée et professionnelle ».
Pour l’Ordre, ce comportement était notamment contraire aux dispositions de l’article R.4127-19 du code de la santé publique qui précise que « la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Sont interdits tous procédés directs ou indirects de publicité…. », alors que l’article R.4127-20 du même code rappelle que « le médecin doit veiller à l’usage qui est fait de son nom, de sa qualité ou de ses déclarations. Il ne doit pas tolérer que les organismes, publics ou privés, où il exerce ou auxquels il prête son concours utilisent à des fins publicitaires son nom ou son activité professionnelle ».