Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Réglementation de la profession

Puis-je évoquer un harcèlement moral à l’encontre de mon associé ?

- 18 juin 2020 -

Comme l’a rappelé un arrêt de la Cour de cassation du 13 décembre 2016, le délit de harcèlement moral ne peut être retenu entre deux professionnels que s’il existe entre eux une relation de travail. Si deux professionnels occupent les mêmes locaux, sans avoir entre eux une relation de travail, l’un d’eux ne peut pas se plaindre d’être victime d’un harcèlement moral de la part de l’autre professionnel.

En présence de difficultés relationnelles avec votre associé, vous devez constituer un dossier avec les preuves de ses agissements malveillants, et vous rapprocher de votre assureur si vous avez souscrit une garantie protection juridique, de votre conseil de l’Ordre ou encore d’un avocat.

Réglementation de la profession

En cas de retrait d’une association, assorti du paiement d’une indemnité, en raison d’une violation de la clause de non-concurrence insérée dans leur contrat, le praticien partant peut-il demander à un juge de minorer cette indemnité ?

- 18 juin 2020 -

Dans une affaire jugée par la Cour de cassation, le 8 juin 2004, un contrat d’association signé par des masseurs-kinésithérapeutes fixait forfaitairement l’indemnité due dans l’éventualité du retrait de l’un des praticiens suivi d’une réinstallation en violation de la clause de non-concurrence insérée dans leur contrat. Le praticien sortant a finalement été condamné à verser une somme inférieure à l’indemnité spécifiée dans le contrat, les juges estimant que cette indemnité constituait une clause pénale et qu’elle était manifestement excessive au regard du préjudice réellement subi par ses confrères.

Statut juridique

En l’absence de contrat écrit, pourtant obligatoire, une clinique doit-elle respecter un préavis si elle entend mettre fin à l’activité d’un professionnel de santé libéral au sein de son établissement ?

- 15 mai 2020 -

Ce contrat verbal est assimilé à un contrat à durée indéterminée qui peut être dénoncé, à tout moment, par chacune des parties, à condition de respecter un certain préavis, qui, faute d’avoir été fixé par écrit, doit être conforme aux usages. Ce préavis permet de préparer son transfert d’activité ou le recrutement d’un nouveau praticien au sein de la clinique.

Les usages de la profession peuvent être le modèle de contrat adopté par l’Ordre, les recommandations du CLAHP* ou encore les usages propres à la clinique s’ils sont supposés connus des parties, comme l’a notamment jugé un arrêt de la cour d’appel de Bordeaux du 28 février 2019.

* Comité de liaison et d’action de l’hospitalisation privée.

Exercice médical

En période d’épidémie, la médecine de soins doit-elle être privilégiée ?

- 15 mai 2020 -

Les professionnels de santé étant particulièrement mobilisés et souvent en première ligne dans la prise en charge des patients, il semble logique de ne pas les exposer à d’autres tâches moins urgentes, qui peuvent être différées.

Il en va notamment de la médecine d’expertises, qui va à l’encontre des mesures de confinement car nécessitant un contact direct et donc présentiel. Interrogé sur la pratique des expertises médicales pendant la pandémie de Covid-19, l’Ordre a incité « sans aucune ambiguïté à arrêter temporairement toute activité d’expertises médicales (hors du cadre très particulier de la télé-expertise) nécessitant un contact présentiel entre le médecin et la victime, que cela soit au cabinet médical ou au domicile de la victime ».

Secret professionnel

Un médecin, lorsqu’il accepte d’être filmé pendant ses consultations et ses interventions chirurgicales, peut-il être condamné pour violation du secret professionnel, s’il concourt à la divulgation de l’identité et de l’état de santé de son patient ou de sa patiente ?

- 15 mai 2020 -

Selon l’article R.4127-4 du code de la santé publique, « le secret professionnel institué dans l’intérêt des patients s’impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa profession, c’est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié mais aussi ce qu’il a vu, entendu ou compris ».

Dans un arrêt du 26 septembre 2018, le Conseil d’État a condamné un médecin à deux ans d’interdiction d’exercice, dont un an assorti du sursis pour avoir notamment méconnu cet article en contribuant à la divulgation de l’identité de patientes à l’occasion d’émissions de télévision ou d’articles de presse, et bien que ces patientes aient consenti à la révélation de leur identité et sciemment recherché la médiatisation. Pour le Conseil d’État, le consentement des patients s’avère sans influence sur le délit de violation du secret médical.

Une position que ne partage pas la Cour de cassation qui, au contraire, a jugé, dans un arrêt du 19 février 2009, « que des informations couvertes par le secret médical ne peuvent être communiquées à un tiers sans que soit constaté l’accord de la victime ou son absence d’opposition à la levée du secret, de sorte qu’une CPAM ne pouvait être contrainte de communiquer à une société (employeur) de telles informations ».

Statut juridique

L’activité exercée par un médecin dans le cadre d’un groupement de coopération sanitaire (GCS) constitué avec un établissement de santé est-elle subordonnée à une autorisation préalable du conseil départemental de l’Ordre ?

- 15 mai 2020 -

Comme l’a récemment précisé un arrêt du Conseil d’État du 2 mars 2020, il revient au seul directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) d’approuver la convention constitutive d’un groupement de coopération sanitaire de moyens entre un établissement de santé et un professionnel de santé libéral. Elle précise notamment l’identité de ses membres ainsi que les conditions d’intervention des professionnels médicaux libéraux.

Il s’agissait, dans cette affaire, d’un médecin spécialiste, qualifié en pathologies cardiovasculaires, exerçant à titre libéral à Caluireet- Cuire (Rhône). Il avait constitué un GCS avec le centre hospitalier de Bourgen- Bresse (Ain) dans le cadre duquel il était appelé à pratiquer, à raison d’une demi-journée par semaine, la cardiologie interventionnelle au sein de cet hôpital. Une opposition à cette installation de confrères, membres d’un groupement de coopération sanitaire concurrent, était à l’origine de ce recours.

Réglementation de la profession

Le fait, pour un chirurgien, de changer son mode d’intervention, en ne prévenant son patient qu’au bloc opératoire, est-il répréhensible ?

- 15 mai 2020 -

Le tribunal administratif de Melun, dans un jugement du 20 septembre 2019, a condamné un chirurgien pour avoir décidé de changer d’intervention, passant d’une opération par voie endovasculaire à une chirurgie ouverte, en prévenant son patient une fois que celui-ci a été installé dans le bloc opératoire, sans lui expliquer les bénéfices et les risques d’une telle intervention, alors même que ce patient avait exprimé son refus pour une opération ouverte.

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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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