Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Immobilier & patrimoine

Pour mieux isoler notre cabinet de groupe, nous avons un projet d’isolation thermique extérieure qui doit surplomber la propriété de nos voisins. Faut-il leur accord préalable ?

- 15 avril 2020 -

Comme l’a rappelé une réponse ministérielle récente(1), un tel projet ne peut être concrétisé sans l’accord de votre voisin. Si ce dernier s’y oppose, vous devrez alors recourir à des procédés d’isolation thermique interne qui n’impactent pas le droit de propriété et qui, par conséquent, ne nécessitent aucune autorisation de surplomb extérieur.

1. Rép. min., n° 2181, JOAN du 5 novembre 2019.

Responsabilité légale

Une erreur de diagnostic est-elle toujours fautive ?

- 15 février 2020 -

Une erreur de diagnostic n’est pas fautive si elle ne résulte pas d’une méconnaissance par un médecin des données acquises de la science. Si le médecin a mis en oeuvre tous les moyens à sa disposition pour parvenir au diagnostic, l’existence d’une faute, fondement de sa responsabilité, ne sera pas reconnue. L’erreur fautive est souvent assimilée à une erreur grossière qu’un praticien diligent n’aurait pas commise s’il avait été placé dans les mêmes conditions. Une erreur de diagnostic fautive peut avoir été provoquée par une absence d’interrogatoire d’un patient sur ses antécédents médicaux, une absence d’examen complet s’il s’agit d’un nouveau patient qui se plaint de fortes douleurs thoraciques et présente des difficultés pour s’exprimer.

Comme le précise l’article R.4127-33 du code de la santé publique, « le médecin doit toujours élaborer son diagnostic avec le plus grand soin, en y consacrant le temps nécessaire, en s’aidant dans toute la mesure du possible des méthodes scientifiques les mieux adaptées et, s’il y a lieu, de concours appropriés ».

Comme le rappelle l’Ordre dans ses commentaires de cet article, le diagnostic est parfois difficile. L’hésitation dans le diagnostic, l’absence de diagnostic initial ou l’erreur ne sont pas répréhensibles si l’examen a été bien fait et la réflexion convenable. Et l’Ordre de préciser : « Ce qui constitue une faute c’est de ne pas chercher à faire le diagnostic, avec tout le soin nécessaire, de rester dans le vague en confiant au hasard les suites, de prescrire un traitement standard sans discrimination, de ne pas adapter un protocole diagnostique ou thérapeutique aux circonstances et à la situation personnelle du patient à qui on l’applique. » Il faut donc procéder à un interrogatoire minutieux et avoir recours, si besoin et au moindre doute, à des investigations et à des examens complémentaires.

Ethique professionnelle

Un médecin peut-il être suspendu par l’Ordre en cas d’infirmité ou d’état pathologique rendant dangereux le maintien de son exercice ?

- 15 février 2020 -

Selon l’article R.4124-3 du code de la santé publique, en cas d’infirmité ou d’état pathologique rendant dangereux son exercice, un médecin peut être suspendu temporairement du droit d’exercer par le conseil régional de l’Ordre pour une période déterminée qui peut être renouvelée. Le conseil régional peut être saisi soit par le directeur général de l’agence régionale de santé soit par le conseil départemental ou le Conseil national. La suspension d’exercice ne peut être ordonnée que sur un rapport motivé établi à la demande du conseil régional par trois médecins désignés comme experts, le premier par l’intéressé, le deuxième par le conseil régional et le troisième par les deux premiers experts.

Si ce rapport d’expertise a pour seul objet d’éclairer l’instance ordinale, le Conseil d’État, dans un arrêt du 6 mai 2019, a tenu à rappeler que ce rapport ne lie pas l’instance ordinale pour l’appréciation, qui lui incombe, de l’existence éventuelle d’un état pathologique rendant dangereux l’exercice de la médecine.

Dans cette affaire, l’Ordre avait statué pour une mesure de suspension d’exercice alors même que le rapport d’expertise ne contre-indiquait pas une reprise d’activité. Mais ce rapport avait sous-estimé, aux yeux de l’Ordre, les éléments relatifs à l’état de dépendance alcoolique du médecin anesthésiste-réanimateur.

Immobilier & patrimoine

Peut-on insérer, dans un règlement de copropriété, une clause permettant à un professionnel de santé de s’opposer à la création d’un cabinet concurrent dans l’immeuble ?

- 15 février 2020 -

Comme l’a rappelé un arrêt de la Cour de cassation du 11 mars 1971, une clause de non-concurrence insérée dans un règlement de copropriété est nulle. Et la cour d’appel de Paris de préciser, dans un arrêt du 7 juillet 1989, qu’est nulle la clause qui permet à un professionnel de santé de s’opposer à la création d’un cabinet professionnel concurrent.

En revanche, à l’égard de son locataire et à son départ, un copropriétaire, dans un bail, peut s’engager à ne pas relouer son local à l’un de ses confrères, comme l’a rappelé un arrêt de la Cour de cassation du 7 mars 1984.

Immobilier & patrimoine

Notre propriétaire veut nous faire payer la taxe sur les bureaux qu’il acquitte chaque année auprès des impôts, alors que notre bail stipule qu’elle doit être acquittée par le propriétaire. Peut-il modifier cette règle sans notre accord ?

- 15 février 2020 -

Les propriétaires de locaux professionnels d’une surface au moins égale à 100 m2 et situés en région Île-de-France sont redevables d’une taxe annuelle. Son montant est égal au tarif par mètre carré fixé chaque année par l’Administration multiplié par la superficie du local. Il varie selon la zone et la nature des locaux. Les locaux destinés à l’exercice d’activités libérales sont classés par l’administration fiscale dans la catégorie « locaux à usage de bureaux ». Cette taxe doit être acquittée avant le 1er mars de chaque année auprès du comptable du Trésor du lieu de situation ds local.

Si votre bail précise que cette taxe est à la seule charge de votre propriétaire, il ne pourra vous l’imputer, en sachant qu’elle sera déductible de ses revenus fonciers.

Immobilier & patrimoine

Le vendeur d’un bien immobilier qui ne signe pas l’acte authentique chez le notaire à la date convenue doit-il payer une indemnité à son acheteur ?

- 15 février 2020 -

Seul un cas de force majeure peut permettre à un vendeur d’être exonéré de toute responsabilité et de dédommagement financier. Elle exige trois conditions cumulatives : une circonstance irrésistible, imprévisible et indépendante de la volonté du responsable.

Dans une affaire jugée par la Cour de cassation le 19 septembre 2019, le vendeur d’une maison, un veuf âgé de 76 ans et sans enfant, ne s’était pas rendu chez le notaire le 31 mars 2016 pour signer l’acte définitif. Il devait invoquer un cas de force majeure lié à son état de santé : un grave problème cardiaque, diagnostiqué en janvier 2016, suivi d’une opération, en avril, l’a empêché de vider sa maison et de signer l’acte de vente dans le délai convenu.

Poursuivi par le couple acheteur en paiement de la clause pénale (10 % du prix de vente), il a finalement été condamné à payer 48 000 euros de pénalité. La Cour de cassation n’a pas retenu la force majeure car ce vendeur n’a pas démontré un caractère imprévisible ou brutal ni qu’il ignorait l’existence de son problème cardiaque au moment de la signature du compromis de vente. Pour la Cour de cassation, il pouvait organiser son déménagement, compte tenu de la date du diagnostic, et mandater quelqu’un pour signer l’acte notarié.

Rémunération & fiscalité

Au sein d’un centre hospitalier, un praticien associé peut-il bénéficier d’un droit acquis au maintien de la quotité d’heures de travail effectuée sous forme de gardes ?

- 15 février 2020 -

Comme l’a jugé un arrêt de la cour administrative d’appel de Versailles du 18 juin 2019, le maintien de la quotité d’heures de gardes mensuelles auxquelles un praticien associé était astreint dans un centre hospitalier n’est pas un droit acquis mais dépend des besoins des patients. Et la cour de Versailles d’en conclure que cette quotité peut être abaissée par décision du centre hospitalier sans que cela représente une modification substantielle des conditions de travail qui lui imposerait de demander préalablement l’accord du praticien associé.

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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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