Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Exercice médical

Comment intégrer le télésoin dans ma pratique de pédicure-podologue ?

- 15 janvier 2021 -

Par un arrêté du 18 mai 2020 (prorogé par l’arrêté du 10 juillet 2020), des mesures générales pour faire face à l’épidémie de Covid-19 ont été prises, avec notamment l’instauration du télésoin pour les pédicures-podologues. Les activités de diagnostic (hyperkératoses, verrues, ongles incarnés) et de rééducation de pied (hors articulation tibio-tarsienne) en relation avec une intervention chirurgicale ont ainsi été rendues possibles. La pertinence du recours au télésoin est alors déterminée par le pédicure-podologue. Les actes de rééducation sont valorisés comme en présence du patient (soit respectivement à hauteur d’un AMP 4 pour un pied et d’un AMP 6 pour les deux pieds) pour les pédicures-podologues libéraux ou salariés. Ces mesures répondent à l’urgence de la crise sanitaire mais pas à l’évolution attendue de nos pratiques professionnelles.

Plusieurs catégories d’actes devraient pouvoir être envisagées dans le cadre du télésoin : actes de diagnostic, de prescription, de dépistage, d’éducation thérapeutique (conseils d’hygiène ou de chaussage, calcéologie et observances thérapeutiques), consultations de suivi (cicatrisation des plaies chroniques notamment et suivi de l’adaptation de l’appareillage plantaire) ainsi que les actes de prévention et de conseil. Demain, les métiers de la santé numérique, qu’ils passent par la téléconsultation, l’intelligence artificielle, la collecte des données de santé ou la conception 3D de l’appareillage, vont directement impacter l’activité du pédicure-podologue.

Par l'Ordre des pédicures-podologues

Réglementation de la profession

Téléphoner au volant peut-il entraîner une suspension de son permis de conduire ?

- 15 janvier 2021 -

Selon la Sécurité routière, l’usage du téléphone portable au volant provoque un accident corporel sur dix. C’est la raison pour laquelle, depuis le 22 mai dernier, les forces de l’ordre peuvent retenir le permis d’un conducteur au téléphone s’il commet simultanément l’une des infractions suivantes : non-respect des règles de conduite, des distances de sécurité, des feux de signalisation, des règles de dépassement, de la signalisation imposant l’arrêt, de la priorité de passage des piétons, des vitesses ainsi que le franchissement ou chevauchement des lignes continues.

Cette rétention pourra être suivie d’une suspension du permis, décidée dans les 72 heures par le préfet, pour une durée maximale de six mois. À cette sanction s’ajoutent une amende de 135 euros et un retrait de 3 points.

Pour les professionnels de santé amenés à effectuer des visites, seule une urgence avérée pourrait justifier l’utilisation de son téléphone au volant : mieux vaut alors s’arrêter avant de répondre ou utiliser un kit mains libres raccordé en Bluetooth au véhicule, qui ne semble pas concerné par ces dernières dispositions.

Rémunération & fiscalité

En cas de poursuite pour un recouvrement de cotisations, la Carmf doit-elle précéder sa requête d’une mise en demeure ?

- 15 janvier 2021 -

Comme l’a précisé un arrêt de la Cour de cassation du 28 mai 2020, toute poursuite en vue du recouvrement des cotisations dues au titre de l’assurance vieillesse des professions libérales doit être précédée d’une mise en demeure.

Et la Cour de cassation d’ajouter que cette mise en demeure, pour être valide, doit contenir la nature et le montant des cotisations réclamées, et la période à laquelle elles se rapportent.

Réglementation de la profession

L’Ordre peut-il rejeter une demande d’inscription d’un médecin autorisé à exercer dans un autre département ?

- 15 janvier 2021 -

Le Dr A. est titulaire d’un diplôme de docteur en médecine obtenu en 1986 au Cameroun, d’un diplôme interuniversitaire de spécialité de pédiatrie délivré par l’université Paul-Sabatier de Toulouse en 1993 et d’un diplôme interuniversitaire (DIU) de cardiologie infantile et pédiatrique délivré par l’université Paris-VII en 1995. Il a été autorisé, par une décision du ministre chargé de la Santé du 20 février 2002, à exercer la médecine en France. Inscrit au tableau de l’Ordre des médecins entre 2002 et 2007, il a pratiqué la médecine générale dans l’Aveyron, puis en qualité de faisant fonction d’interne dans des établissements publics de santé.

En 2018, ce praticien demande au conseil départemental de la Moselle à être inscrit au tableau de l’Ordre de ce département en vue de pouvoir y exercer la médecine générale. L’Ordre demande alors une expertise relative à une éventuelle insuffisance professionnelle de ce médecin, sur le fondement de l’article R4112-2 du code de la santé publique. À la suite de cette expertise, il refuse d’inscrire ce médecin au tableau, estimant ses compétences professionnelles insuffisantes. Une décision confirmée par l’ordre régional puis par le Conseil national.

Saisi en dernier recours par ce médecin, le Conseil d’État, dans un arrêt du 3 juillet 2020, a confirmé ce refus d’inscription, l’estimant motivé, compte tenu d’un doute sérieux sur la compétence professionnelle du Dr A. Les experts désignés ont ainsi considéré que ce praticien avait des lacunes dans certains domaines de la médecine générale et qu’il adoptait des stratégies thérapeutiques non conformes aux recommandations de bonnes pratiques. L’Ordre était ainsi en droit de lui demander de suivre une formation de remise à niveau dans le cadre du DIU de médecine générale, se traduisant soit par l’obtention du diplôme, soit par une évaluation sous forme d’une attestation établie par le responsable du diplôme constatant l’assiduité à l’enseignement et procédant à une évaluation théorique des acquis. Préalable indispensable avant toute réinscription.

Immobilier & patrimoine

En cas de divorce d’un couple marié sous le régime de la communauté, le conjoint non professionnel de santé et divorcé a-t-il droit à la moitié de la valeur de la clientèle de son ex-conjoint ?

- 15 janvier 2021 -

Dans une affaire jugée par la Cour de cassation le 12 janvier 1994, à la suite d’une procédure de liquidation d’une communauté liée à un divorce aux torts partagés, une cour d’appel avait décidé que le montant de la clientèle et la valeur du cabinet dentaire exploité par l’ex-mari devaient figurer à l’actif de la communauté.

Une décision contestée par ce chirurgien-dentiste, qui soulignait que lui seul pouvait décider ou non de céder, cette décision l’obligeant en fait à présenter sa clientèle à un autre confrère. Pour lui, en l’absence de présentation de clientèle, la valeur de son cabinet devait se limiter à celle de son matériel et du droit au bail.

Une argumentation rejetée par la Cour de cassation qui a refusé d’assimiler la clientèle à un bien propre acquis par l’époux. Pour la Cour de cassation, la clientèle et le cabinet devaient tomber en communauté pour leur valeur, et l’épouse divorcée avait droit à la moitié de celle-ci.

Réglementation de la profession

Quelles sont les conditions de suspension par l’Ordre pour insuffisance professionnelle ?

- 14 décembre 2020 -

Comme le rappelle l’article R.4124-3-5 du code de la santé publique, « en cas d’insuffisance professionnelle rendant dangereux l’exercice de la profession, la suspension temporaire, totale ou partielle, du droit d’exercer est prononcée par le conseil régional ou interrégional pour une période déterminée ». Cette suspension éventuelle ne peut être prononcée que sur la base d’un rapport établi par trois médecins qualifiés dans la même spécialité que celle du praticien concerné. Dans un arrêt du 24 décembre 2019, le Conseil d’État a donné raison au Conseil national de l’Ordre des médecins pour avoir suspendu un médecin spécialiste qualifié en médecine générale du droit d’exercer la médecine pendant une durée de deux ans, en lui fixant l’obligation de suivre une formation de remise à niveau dans le cadre du diplôme interuniversitaire de médecine générale, ainsi que de réaliser un stage pratique chez un praticien d’une durée de six mois. La reprise de son activité était subordonnée à la justification du suivi de cette formation. Il était notamment reproché à ce médecin la pratique répétée de prescriptions médicamenteuses potentiellement dangereuses et un manque caractérisé de connaissances en « soins premiers » de pédiatrie, de gynécologie et de médecine de l’adulte.

Responsabilité légale

Un médecin généraliste peut-il être condamné pénalement pour homicide involontaire ?

- 14 décembre 2020 -

Un patient souffrant d’une décompensation psychotique, résultant d’un syndrome délirant, est décédé un mois après son hospitalisation. Le médecin généraliste de garde le jour du décès a été poursuivi devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Il a été condamné par la chambre criminelle de la Cour de cassation, dans un arrêt du 10 septembre 2019, pour différents motifs : ne pas avoir prescrit de radio ou de scanner, ne pas avoir procédé à une surveillance du transit intestinal, n’avoir effectué qu’une tentative de réanimation sommaire et ne pas avoir donné d’instruction pour l’utilisation du matériel de réanimation. Autant de fautes caractérisées en lien avec le décès de ce patient, justifiant la condamnation pénale de ce praticien.

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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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