Une erreur d'interprétation d'imagerie donne-t-elle toujours lieu à réparation ?
Le 16 septembre 2010, une patiente passe une mammographie de contrôle, le médecin radiologue conclut à une absence de lésions décelables. À la suite d'un diagnostic d'adénocarcinome mammaire, le 15 février 2011, cette patiente débute une chimiothérapie, le 16 mars, suspendue en raison d'une forte intolérance au traitement, et subit, le 30 août 2011, une mastectomie et un curage axillaire. La radiologue est alors mise en cause par cette patiente, pour avoir provoqué un retard de diagnostic du carcinome mammaire dont elle était atteinte. Après plusieurs mois de procédure, la Cour de cassation, dans un arrêt du 29 mars 2023, a rejeté la demande de cette patiente, après avoir rappelé "qu'une perte de chance présente un caractère direct et certain chaque fois qu'est constatée la disparition d'une éventualité favorable. Dès lors, il n'y a pas perte de chance lorsqu'il est tenu pour certain que la faute n'a pas eu de conséquences sur l'état de santé du patient". Pour la Cour de cassation, même si cette patiente a fait l'objet d'une erreur d'interprétation de l'imagerie par cette médecin radiologue, le retard dans sa prise en charge ne lui a pas fait perdre une chance d'éviter le dommage. Les experts désignés dans cette affaire ont certifié que, le 16 septembre 2010, cette patiente était déjà porteuse d'une lésion bifocale qui s'accompagnait d'un carcinome in situ, que l'indication d'un traitement conservateur du sein n'existait pas dans les tumeurs multifocales, et que l'indication d'une mastectomie aurait donc été indispensable dès cette date. Et d'en déduire que le retard dans la prise en charge de cette patiente ne lui avait fait perdre aucune chance d'éviter une mastectomie et un curage axillaire.