Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
expert-image
Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Immobilier & patrimoine

La clientèle d’un médecin a-t-elle encore une valeur patrimoniale ?

- 16 avril 2020 -

Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de trouver un successeur qui accepte de racheter un droit de présentation à clientèle. La valeur d’une patientèle obéit aux règles de la loi de l’offre et de la demande : en présence d’une pénurie de médecins dans de nombreuses zones géographiques, un jeune médecin optera plus facilement pour une création de cabinet, à plus forte raison si les médecins ayant pris leur retraite n’ont pas trouvé de successeur, laissant une clientèle potentielle sans médecin.

L’usage consistant à valoriser les éléments incorporels d’une patientèle de médecin à 50 % des honoraires des trois derniers exercices précédant la cession doit donc être apprécié à sa juste mesure, comme l’a récemment rappelé la cour d’appel de Toulouse, dans un arrêt du 22 août 2018 : un taux (50 %) qui « doit toutefois être pondéré pour tenir compte de la spécificité de la patientèle cédée ».

Réglementation de la profession

En cas d’accident, peut-on indemniser un préjudice lié au retard d’un démarrage d’une activité professionnelle ?

- 16 avril 2020 -

En raison d’un accident de la circulation dont il a été victime, un étudiant en médecine n’a pu valider un stage d’interne de six mois, l’obligeant à décaler d’autant sa possibilité d’exercer.

Comme l’a précisé la Cour de cassation dans un arrêt du 13 juin 2019, ce préjudice résultant du démarrage tardif de son activité professionnelle ne s’analysait pas en une perte ou une diminution de revenus, mais correspondait uniquement aux désagréments liés au décalage du début de son activité professionnelle. Ce préjudice devait néanmoins être pris en compte.

Réglementation de la profession

Peut-on contester un refus d’inscription au tableau de l’Ordre ?

- 16 avril 2020 -

Dans une affaire jugée le 24 décembre 2019, le Conseil d’État a donné raison à un chirurgien-dentiste auquel on avait refusé une inscription à un tableau de l’Ordre. Comme le rappelle l’article R.4112-5 du code de la santé publique, en cas de recours et d’appel, le praticien peut se faire assister ou représenter par toute personne de son choix. Or l’information qui avait été donnée à l’intéressé indiquait qu’il pouvait soit se présenter à la séance, soit s’y faire représenter par un avocat. Une information « qui ne renseignait pas M. A… de manière complète sur ses droits en matière d’assistance lors de cette séance », devait en conclure le Conseil d’État, qui a ainsi annulé la décision du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens- dentistes pour procédure irrégulière et donc illégale.

Gestion du personnel

Un médecin peut-il licencier une secrétaire en arrêt maladie ?

- 16 avril 2020 -

Selon l’article 29, alinéa 2, de la convention collective nationale du personnel des cabinets médicaux du 14 octobre 1981, les absences justifiées par la maladie ou l’accident dans un délai maximal d’un an n’entraînent pas une rupture du contrat de travail. Il en résulte qu’un employeur ne peut licencier un salarié en raison de la désorganisation du fonctionnement de l’entreprise occasionnée par son absence prolongée et la nécessité de procéder à son remplacement définitif lorsque, à la date du prononcé du licenciement, l’absence pour maladie n’excède pas un an. Au regard de cette convention collective, la Cour de cassation, dans un arrêt du 18 décembre 2019, a jugé qu’une telle garantie interdisait non seulement le licenciement d’un salarié malade durant la période de garantie mais également le licenciement prononcé en raison d’une absence prolongée perturbant le bon fonctionnement du cabinet médical.

La secrétaire standardiste de ce médecin, en arrêt de travail depuis le 8 février 2014, avait été licenciée le 10 mars 2014 au motif que son absence prolongée perturbait le fonctionnement du cabinet médical et nécessitait son remplacement. Un licenciement sans cause réelle et sérieuse, pour la Cour de cassation.

Immobilier & patrimoine

Pour mieux isoler notre cabinet de groupe, nous avons un projet d’isolation thermique extérieure qui doit surplomber la propriété de nos voisins. Faut-il leur accord préalable ?

- 15 avril 2020 -

Comme l’a rappelé une réponse ministérielle récente(1), un tel projet ne peut être concrétisé sans l’accord de votre voisin. Si ce dernier s’y oppose, vous devrez alors recourir à des procédés d’isolation thermique interne qui n’impactent pas le droit de propriété et qui, par conséquent, ne nécessitent aucune autorisation de surplomb extérieur.

1. Rép. min., n° 2181, JOAN du 5 novembre 2019.

Responsabilité légale

Une erreur de diagnostic est-elle toujours fautive ?

- 15 février 2020 -

Une erreur de diagnostic n’est pas fautive si elle ne résulte pas d’une méconnaissance par un médecin des données acquises de la science. Si le médecin a mis en oeuvre tous les moyens à sa disposition pour parvenir au diagnostic, l’existence d’une faute, fondement de sa responsabilité, ne sera pas reconnue. L’erreur fautive est souvent assimilée à une erreur grossière qu’un praticien diligent n’aurait pas commise s’il avait été placé dans les mêmes conditions. Une erreur de diagnostic fautive peut avoir été provoquée par une absence d’interrogatoire d’un patient sur ses antécédents médicaux, une absence d’examen complet s’il s’agit d’un nouveau patient qui se plaint de fortes douleurs thoraciques et présente des difficultés pour s’exprimer.

Comme le précise l’article R.4127-33 du code de la santé publique, « le médecin doit toujours élaborer son diagnostic avec le plus grand soin, en y consacrant le temps nécessaire, en s’aidant dans toute la mesure du possible des méthodes scientifiques les mieux adaptées et, s’il y a lieu, de concours appropriés ».

Comme le rappelle l’Ordre dans ses commentaires de cet article, le diagnostic est parfois difficile. L’hésitation dans le diagnostic, l’absence de diagnostic initial ou l’erreur ne sont pas répréhensibles si l’examen a été bien fait et la réflexion convenable. Et l’Ordre de préciser : « Ce qui constitue une faute c’est de ne pas chercher à faire le diagnostic, avec tout le soin nécessaire, de rester dans le vague en confiant au hasard les suites, de prescrire un traitement standard sans discrimination, de ne pas adapter un protocole diagnostique ou thérapeutique aux circonstances et à la situation personnelle du patient à qui on l’applique. » Il faut donc procéder à un interrogatoire minutieux et avoir recours, si besoin et au moindre doute, à des investigations et à des examens complémentaires.

Ethique professionnelle

Un médecin peut-il être suspendu par l’Ordre en cas d’infirmité ou d’état pathologique rendant dangereux le maintien de son exercice ?

- 15 février 2020 -

Selon l’article R.4124-3 du code de la santé publique, en cas d’infirmité ou d’état pathologique rendant dangereux son exercice, un médecin peut être suspendu temporairement du droit d’exercer par le conseil régional de l’Ordre pour une période déterminée qui peut être renouvelée. Le conseil régional peut être saisi soit par le directeur général de l’agence régionale de santé soit par le conseil départemental ou le Conseil national. La suspension d’exercice ne peut être ordonnée que sur un rapport motivé établi à la demande du conseil régional par trois médecins désignés comme experts, le premier par l’intéressé, le deuxième par le conseil régional et le troisième par les deux premiers experts.

Si ce rapport d’expertise a pour seul objet d’éclairer l’instance ordinale, le Conseil d’État, dans un arrêt du 6 mai 2019, a tenu à rappeler que ce rapport ne lie pas l’instance ordinale pour l’appréciation, qui lui incombe, de l’existence éventuelle d’un état pathologique rendant dangereux l’exercice de la médecine.

Dans cette affaire, l’Ordre avait statué pour une mesure de suspension d’exercice alors même que le rapport d’expertise ne contre-indiquait pas une reprise d’activité. Mais ce rapport avait sous-estimé, aux yeux de l’Ordre, les éléments relatifs à l’état de dépendance alcoolique du médecin anesthésiste-réanimateur.

Notre Expert
expert-image
Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

RETOUR HAUT DE PAGE