Droit et gestion

Droit

Taxes foncières, relations avec les Ordres professionnels, responsabilité pénale, questions relatives à l’immobilier ou la gestion des locaux, statuts d’une société, refus de soins, fiscalité et retraite… Un éclairage juridique sur les questions relatives à votre pratique individuelle ou collective.

Notre Expert
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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

Vous avez une question relative à votre exercice, la gestion des locaux, vos droits et devoirs... ? Notre expert vous répond.

L'expert vous répond

Expert
Devoir d'information

Est-il normal de ne plus recevoir, par courrier, ses relevés de remboursements par la Sécurité sociale ?

- 15 octobre 2019 -

Si vous avez ouvert un compte personnel sur le site ameli.fr(1) de la Sécurité sociale, l’envoi postal de vos relevés est supprimé car vous pouvez consulter, en temps réel, vos remboursements sur ce site. Toutefois, si vous avez une complémentaire santé auprès d’une mutuelle ou d’une compagnie d’assurances qui n’est pas connectée informatiquement à votre compte ameli, la Sécurité sociale doit continuer à vous adresser, par courrier, vos relevés de remboursements.

Responsabilité légale

La responsabilité d’un masseur-kinésithérapeute peut-elle être engagée en cas de dommage consécutif à des manipulations cervicales ?

- 15 octobre 2019 -

Un médecin adresse à un masseur-kinésithérapeute l’une de ses patientes qui souffre de douleurs cervicales, non sans avoir tenté un traitement médicamenteux et lui avoir prescrit une radiographie du rachis.

Après une première séance de rééducation chez ce kinésithérapeute, la patiente présente différents troubles la conduisant à être hospitalisée en urgence. Elle conservera d’importantes séquelles avec perte d’autonomie.

Mis en cause, le masseur-kinésithérapeute se verra condamné par un arrêt de la Cour de cassation du 23 janvier 2019. Les juges vont ainsi rappeler que la patiente a eu des signes d’ischémie du système nerveux central causée par une dissection vertébrale lors de cette séance et se matérialisant immédiatement par des réactions péjoratives, telles que des nausées. Pour la Cour de cassation, cette lésion était d’origine traumatique et a été produite de façon indirecte par un mouvement forcé de rotation ou d’étirement du cou. La patiente devait d’ailleurs évoquer des « manipulations cervicales assez viriles », alors que le médecin urgentiste, qui a pris en charge cette patiente, devait préciser que « le masseur-kinésithérapeute ne s’est pas borné à pratiquer des mobilisations comme il l’affirme et que les manoeuvres pratiquées sont la cause de la dissection artérielle ». Autre reproche formulé à l’encontre de ce praticien : l’absence de bilan préalable, alors même qu’il devait admettre n’avoir ni spécialité ni formation particulière, notamment en matière de manipulations vertébrales cervicales. En outre, il n’était pas habilité à procéder à de telles manipulations, comportant une torsion ou un étirement du cou. Ce masseur-kinésithérapeute a ainsi été reconnu responsable du dommage subi par sa patiente et condamné in solidum avec son assureur à l’indemniser.

Responsabilité légale

Le choix de ne pas réaliser une césarienne pour l’accouchement d’une patiente peut-il constituer une faute de nature à engager la responsabilité d’un CHU ?

- 15 octobre 2019 -

Oui, a répondu le Conseil d’État, dans un arrêt du 18 mars 2019.

Dans cette affaire, une jeune femme a été admise dans le service de gynécologie obstétrique du CHU d’Amiens pour y accoucher à terme de son premier enfant. Les médecins ont extrait l’enfant par voie basse, en pratiquant une manoeuvre obstétricale rendue nécessaire par le relèvement du bras du foetus et par l’étroitesse du bassin de la parturiente. Né en état de mort apparente, l’enfant a été placé en réanimation pédiatrique puis transféré dans le service de soins intensifs du CHU où son état général a pu être stabilisé. Une paralysie du plexus brachial droit a été diagnostiquée et a nécessité une intervention chirurgicale pour réaliser une greffe de la racine rachidienne C5. L’enfant est demeuré atteint de séquelles physiques que ses parents imputent aux conditions de sa naissance. Ils ont ainsi mis en cause la responsabilité de ce CHU pour avoir pratiqué une manoeuvre obstétricale sur leur enfant à l’origine de son dommage, qui n’aurait pas été nécessaire si les médecins avaient eu recours à une césarienne.

Dans son arrêt, le Conseil d’État a estimé que le choix de ne pas réaliser de césarienne pour l’accouchement de cette femme constituait une faute de nature à engager la responsabilité du CHU d’Amiens, condamné à réparer entièrement le préjudice de l’enfant et de ses parents.

Responsabilité légale

En matière de responsabilité médicale, comment peut-on définir la notion de perte de chance ?

- 15 octobre 2019 -

Invoquer une perte de chance revient à considérer qu’un malade a été privé par un médecin ou un établissement de santé d’une possibilité de ne pas subir le préjudice qu’il subit aujourd’hui, du fait de ne pas avoir bénéficié d’un traitement ou d’une technique plus simple et moins dangereux.

Comme l’a rappelé la Cour de cassation dans plusieurs arrêts, l’incertitude tient au fait qu’il ne peut être certain que, si la faute n’avait pas été commise, la guérison, ou au moins une amélioration de l’état du patient, aurait pu être obtenue. La certitude tient au fait que si la faute n’avait pas été commise, le malade avait des chances de guérison ou d’amélioration et que la faute l’a privé de cette chance.

À titre d’exemple, la Cour de cassation, dans un arrêt du 24 octobre 2019, a jugé que le retard fautif de pratiquer une césarienne, qui aurait pu limiter les atteintes subies par l’enfant, a entraîné une perte de chance, qui doit être indemnisée.

Réglementation de la profession

Le principe de laïcité qui s’impose aux agents du service public hospitalier s’applique-t-il également aux praticiens étrangers accueillis comme stagiaires associés dans un établissement public de santé ?

- 15 octobre 2019 -

Oui, a répondu le Conseil d’État, dans un arrêt du 12 février 2020. Ces praticiens stagiaires sont soumis au principe de laïcité mais bénéficient de la liberté de conscience qui interdit toute discrimination fondée sur la religion, même s’ils sont tenus de ne pas manifester leurs croyances religieuses dans le cadre du service public.

Dans l’affaire jugée par le Conseil d’État, il était reproché à un praticien de nationalité égyptienne effectuant un stage au sein d’un service de chirurgie d’un centre hospitalier francilien de porter une longue barbe pouvant être perçue comme un signe religieux ostentatoire. L’intéressé ayant refusé de tailler sa barbe, le directeur du centre hospitalier a décidé de résilier sa convention de stage, ce refus pouvant être compris par les tiers comme la manifestation d’une revendication ou d’une appartenance religieuse. Mais pour le Conseil d’État, qui a donné raison à ce médecin, ces seuls éléments étaient, par eux-mêmes, insuffisants pour caractériser la manifestation de convictions religieuses dans le cadre du service public, en l’absence de tout prosélytisme et de tout autre comportement litigieux de ce praticien.

Le port d’une barbe, quelle que soit sa taille, ne peut ainsi être considéré à lui seul comme un signe d’appartenance religieuse.

Devoir d'information

Tout citoyen qui se voit refuser l’accès à son dossier médical par un professionnel de santé peut-il saisir la Cnil ?

- 15 octobre 2019 -

Indépendamment des procédures civile et ordinale vers lesquelles un malade peut se tourner, il peut également saisir la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) qui reçoit, chaque année, une centaine de plaintes en rapport avec des difficultés d’accès au dossier médical. Sur un plan pratique, la Cnil, lorsqu’elle est saisie, adresse un courrier au professionnel de santé pour lui rappeler ses obligations avant de lui adresser une mise en demeure avec menace de sanctions en l’absence de réponse. Seule une condamnation a été prononcée par la Cnil, en juin 2017, à l’encontre d’un chirurgien-dentiste tenu de payer une amende de 10 000 euros pour avoir refusé de transmettre un dossier médical à un patient qui souhaitait changer de praticien. Comme devait le rappeler la Cnil, « les obligations déontologiques auxquelles sont soumises les professions médicales, notamment celles liées au secret médical, ne pouvaient justifier une absence de communication du dossier médical au plaignant ».

Rémunération & fiscalité

À la suite d’une procédure m’ayant donné raison, j’ai perçu de mon ancien propriétaire une indemnité visant à compenser mon préjudice, car mon bail professionnel l’obligeait à me donner un droit de préférence en cas de mise en vente d’un local. Cette indemnité est-elle imposable ?

- 15 octobre 2019 -

Comme l’a jugé un arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes du 26 mai 1998, une telle indemnité a pour seule contrepartie la réparation d’un préjudice matériel étroitement lié à votre profession et non un préjudice moral. Cette indemnité est ainsi imposable.

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Nicolas Loubry
Juriste

Juriste spécialisé en droit de la santé, ancien responsable du département de protection juridique au sein du Groupe MACSF, auteur de plusieurs ouvrages, guides et articles sur la gestion du cabinet médical, sur les questions déontologiques, juridiques et fiscales que se posent les professions médicales.

Fidèle collaborateur du Concours Médical depuis de nombreuses années, Nicolas Loubry a une connaissance et une expertise des problématiques rencontrées par les professionnels de santé en matière d'installation, de modes d'exercice, de gestion, de responsabilité ou d'assurances.

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