Article publié dans Concours pluripro, octobre 2024
 

                              

Source : Nutriker

 

État pathologique méconnu et sous-diagnostiqué, la dénutrition concerne pourtant 2 millions de personnes en France et est responsable d'une augmentation des risques d'infections, d'escarres, de chutes ainsi que d'une hausse de 30 % de la mortalité à un an chez les patients dénutris hospitalisés. De plus, une étude européenne publiée en 2015 a démontré que la dénutrition augmentait le coût d'une hospitalisation de 1 640 à 5 000 euros par patient.

 

Le contexte

Face à ce constat, une équipe du CHU de Rennes s'est saisie de ce problème majeur de santé publique. "Tout a commencé en médecine interne avec la Dre Bérengère Cador, médecin interniste du CHU de Rennes, sensibilisée depuis longtemps à la question de la dénutrition chez les patients", rapporte Lilian Alix, médecin interniste et coporteur du projet avec Emma Bajeux, médecin de santé publique. "J'avais déjà mené un premier travail en 2014-2015 afin de sensibiliser les professionnels du service de médecine interne, notamment les infirmières et les aides-soignantes, sur la problématique de la dénutrition, notamment sur le dépistage et la prise en charge. Ce travail avait débouché sur une évaluation des pratiques professionnels (EPP) qui avait démontré que la sensibilisation augmentait significativement le dépistage des patients dénutris à l'hôpital", révèle Bérengère Cador, responsable médicale à l'unité de médecine interne polyvalente (Umip) du CHU de Rennes et médecin spécialiste en médecine interne.

Cependant, à la suite du déménagement de l'unité de médecine interne et de plusieurs remplacements dans l'équipe, toute cette démarche s'est essoufflée l'année suivante. "Nous nous sommes aperçus que lorsque nous insufflions une vraie dynamique, il y avait une amélioration très importante du dépistage et de la prise en charge des patients dénutris, mais pour fonctionner, elle doit être entretenue", poursuit Lilian Alix. Forte de ce constat, une équipe du CHU de Rennes se constitue alors pour mettre en place le projet Nutriker.

"En 2018, nous en avons discuté sur un coin de table. La dénutrition étant un sujet qui m'intéresse, j'ai creusé le sujet et je me suis aperçu qu'il y avait de nombreux patients dénutris qui ne bénéficiaient pas d'une prise en charge nutritionnelle à l'hôpital, indique-t-il. Je me suis dit qu'il y avait vraiment quelque chose à faire, qu'il y avait un besoin important à l'hôpital mais aussi en ville. Il s'agit d'une maladie chronique qui s'installe en plusieurs mois mais qui prend aussi des semaines et des mois à être soignée." Avec Bérengère Cador et Emma Bajeux, les trois médecins se questionnent sur les possibilités de financement pour mieux accompagner ces patients. "C'est à ce moment-là que le dispositif 'article 51' a fait son apparition, et nous avons donc candidaté."

 

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