Depuis le 17 mars 2020, la crise du coronavirus, et plus particulièrement le confinement, a mis à rude épreuve l’exercice de certaines professions. Les masseurs-kinésithérapeutes – contraints de fermer leur cabinet pendant le premier confinement, sauf en cas d’urgence avec prise en charge au domicile du patient – ont pu toutefois effectuer un certain nombre d’actes à distance, à condition d’avoir réalisé au préalable un premier soin en présence du patient, précisait le site Ameli en juillet 2020.

Parmi les professionnels qui ont maintenu des téléconsultations : Thomas Dupas, masseur-kinésithérapeute à Paris. Son expérience l'avait déjà conforté sur le manque d’outils didactiques pour permettre aux patients de réaliser les exercices chez eux. Depuis deux ans, il travaille, en parallèle de son activité de kiné et avec son confrère Romain Brial, à la conception d’un site et d’une application permettant aux patients de prendre leur santé en main : “Weasyo”, pour “We are physios”
 


Romain Brial (à g.) et Thomas Dupas, cofondateurs de l'appli ©Weasyo

                                         

L’ETP au centre

Le site est lancé en septembre 2019. Objectif ? “Répondre aux questions que les patients posent au cabinet”, explique-t-il. Car quelqu’un qui comprend sa pathologie s’implique davantage. Fin janvier 2021 vient le tour du premier volet, grand public, de l’application. “Un énorme boulot !”, avoue Thomas Dupas. Car il s’agit de s’assurer qu’ils sont bien « dans les clous », notamment en matière de responsabilité juridique, d’interdiction de publicité ou de protection des données… mais aussi, pour finaliser la mise au point de l’outil.

L’idée : livrer des programmes (exercices guidés par vidéo en sport, santé, bien-être), pour que les personnes apprennent à soulager ou à prévenir leurs douleurs, avec notamment un programme sur le télétravail. Mais si les kinés, souvent sur-sollicités, encouragent à un usage autonome en matière d’affections légères, affirme Thomas Dupas, ce n’est pas le cas pour les plus sévères. “Il y a des limites à l’autotraitement, insiste-t-il. Il faut garder le réflexe d’aller voir son kiné en présentiel, pour certains actes.


Les vidéos d'exercice de rééducation sont expliquées et réalisées par des kinés ©Weasyo

Le volet “pro” de l’application, prévu pour avril prochain, permettra aux masseurs-kinés d’améliorer leur accompagnement entre les séances. “Ils pourront ainsi créer et envoyer des programmes personnalisés”, détaille Thomas Dupas. Ainsi, en pratiquant les bons gestes chez lui – donc fini l’excuse "J’ai oublié les mouvements" – le patient deviendra davantage acteur de son traitement. Un suivi de l’assiduité est également dans les cartons, via l’envoi de notifications. Un instrument d’éducation thérapeutique du patient donc ? “Complètement ! On le voit au cabinet : ceux qui pratiquent correctement à la maison sont engagés dans leur rééducation et récupèrent mieux”, précise le masseur-kiné.

Vers un outil de coordination ?

Le souhait des fondateurs : constituer une communauté de kinés et les rassembler autour de l’expertise et du partage de compétences. Pour autant, Thomas Dupas et Romain Brial ne se disent “pas du tout fermés” à l’idée de s’ouvrir à d’autres professionnels de santé : ostéopathes, médecins du sport, chirurgiens orthopédiques… “On n’est pas dans le clivage”, explique Thomas Dupas, qui estime que cela aurait le mérite de favoriser les échanges et d’éviter les pertes d’informations.

De là à dire que l’appli pourrait devenir un outil de coordination ? “Tout à fait", répond le kinésithérapeute, même si ce n’est pas encore ce qu’ils veulent véhiculer. "Il y a mille choses possibles à partir de la base que nous avons créée. C’est hyper excitant, mais on y va pas à pas. On ne veut pas se perdre, partir dans trop de fonctionnalités comme des messageries sécurisées, l’envoi de fichiers…” C’est “avec la communauté” que se construira l’avenir de l’appli.

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