L'ongle incarné résulte de la pénétration du bord latéral de l'ongle dans les tissus périunguéaux, entraînant une inflammation, un oedème, parfois une infection. Il résulte d'un conflit entre l'ongle et le repli latéral. Parmi les facteurs favorisants : une mauvaise coupe d'ongle, un chaussage inadapté, une dystrophie unguéale (ongle en éventail, ongle en tuile), un conflit entre l'hallux et le deuxième orteil (hallux valgus, crosse distale de P2) et une hyperhydrose.
Il est important de bien connaître l'anatomie unguéale afin de comprendre les tenants et aboutissants du traitement de l'ongle incarné. La matrice unguéale est une structure qui s'étend en amont du repli proximal et latéralement à celui-ci, formant des cornes matricielles. Une particularité anatomique qui explique l'apparition de spicules dans certaines chirurgies. De plus, l'avulsion simple de l'ongle ne le détruit pas de manière définitive. Il faut enlever en totalité la matrice sous-jacente chirurgicalement ou par agent chimique.
La classification de Mozena définit les différents stades de l'ongle incarné :
– stade 1 : douleur, érythème, sans granulation ni écoulement ;
– stade 2a : inflammation avec hypertrophie tissulaire latérale ;
– stade 2b : écoulement purulent ou granulations, récidives possibles ;
– stade 3 : hypertrophie importante du repli unguéal, fibrose, ongle déformé.
Si le traitement conservateur est recommandé au stade 1 – avec des bains antiseptiques, une mise en décharge, une orthonyxie, une orthoplastie (séparateur siliconé sur mesure) –, aux stades 2 et 3, une matricectomie partielle chimique ou chirurgicale est indiquée. La phénolisation est l'acte de choix dans les stades 2b et 3.