"Cela faisait longtemps que je me disais qu’il fallait davantage inclure les masseurs-kinésithérapeutes dans la prise en charge globale de l’obésité, assure le Pr Ariane Sultan, médecin endocrinologue au CHU de Montpellier. En effet la plupart des patients souffrant d'obésité que nous prenons en charge ont des douleurs au dos, aux genoux, aux chevilles et rencontrent des difficultés pour exercer une activité physique adaptée, qui pourrait pourtant les aider dans leur perte de poids".

Fin 2021, elle contacte Romain Dolin, kinésithérapeute spécialisé dans le sport, avec qui elle met au point un protocole de rééducation musculo-squelettique des quatre membres sur douze semaines à raison de deux séances par semaine, baptisé Kinob. Le praticien fait également le lien avec l’URPS masseur-kinésithérapeute Occitanie. En février 2022, des réunions zoom avec une trentaine de kinésithérapeutes de la métropole sont organisées afin de présenter le protocole. "L’idée était de trouver des relais en ville. On leur a donné des informations sur l’obésité, la prise en charge, l’évaluation …", précise Ariane Sultan. Plusieurs d’entre eux souhaitent alors participer à ce parcours de soin inédit. Le projet est lancé, avec des patients orientés par la CPTS.  

Aucun financement pour le moment

C’est là qu’entre en jeu Élise Bourgois, qui exerce dans le service Nutrition-diabète du CHU de Montpellier dans le cadre d’un doctorat en biologie-santé, et qui va étudier et évaluer cette prise en charge pluridisciplinaire dans le cadre de sa thèse. "Le travail d’Élise va permettre d’une part de comparer les profils des patients qui acceptent de rentrer dans ce dispositif et ceux qui n’acceptent pas, et d’autre part d’évaluer les bénéfices de la prise en charge kiné sur de nombreux paramètres de santé :  bilans sanguins, qualité de vie, comportement alimentaire et perte poids", détaille Ariane Sultan.

Les patients remplissent un dossier sur la plateforme Avitam avant même qu’ils arrivent à l’hôpital, ce qui permet de suivre l’évolution de leur qualité de vie. "Cela nous permet aussi d’adapter la prise en charge, si des besoins apparaissent pour consulter un(e) psychologue ou participer à des ateliers d’éducation nutritionnelle", ajoute la praticienne hospitalière. 

Une quarantaine de patients sont déjà entrés dans le parcours de soin, qui pour le moment ne bénéficie d’aucun financement dédié. "Il s’agit d’une étude observationnelle, non randomisée et on s’arrêtera quand on aura 50 sujets inclus", explique Élise Bourgois.

Si le dispositif fait ses preuves, il sera, à terme, étendu aux personnes cardiaques obèses.
 

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