article publié dans Concours pluripro, mai 2021

>> article rédigé par Élodie Rosankis, chargée d’études sur la santé au travail à la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), et Dr Martine Léonard, médecin inspecteur du travail (Direccte Grand Est) : les auteurs déclarent qu’ils n’ont pas de lien d’intérêts relatif au contenu de cet article.

 

Le questionnaire Sumer 2017 permet de recenser les expositions des salariés à 94 produits chimiques, qu’il s’agisse de substances, comme le trichloréthylène, ou de familles de produits comme les tensioactifs. Pour chaque salarié enquêté, le médecin du travail va repérer, au cours de la dernière semaine travaillée, les expositions directes à certains produits comme l’amiante, ainsi que les expositions aux produits générés par le process, comme les fumées dégagées par la métallurgie, mais également les expositions indirectes liées aux pollutions dans l’environnement proche du poste de travail (voir ci-dessous).

En 2017, 8 millions de salariés ont été exposés à au moins un produit chimique dans le cadre de leur travail, ce qui représente 32 % de l’ensemble des salariés en France. Parmi les 94 produits chimiques recensés, 28 sont classés cancérogènes avérés ou probables par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), en "groupe 1" ou "groupe 2A", et/ou par l’Union européenne en "catégorie 1A" ou "catégorie 1B".

En 2017, 2 733 300 salariés du champ de l’enquête Sumer (voir ci-contre), soit 1 % d’entre eux, ont été exposés à au moins un produit chimique cancérogène (voir tableau ci-dessous). Ce qui correspond à 4 500 000 situations d’exposition du fait de la multi-exposition à des agents cancérogènes d’une partie de ces salariés.

Les cinq produits chimiques cancérogènes les plus souvent retrouvés sont, par ordre décroissant : les gaz d’échappement diesels, les fumées de soudage, les huiles minérales entières, les poussières de bois et la silice cristalline.

 

Les hommes, jeunes et ouvriers plus exposés

Les ouvriers représentent plus des deux tiers des salariés exposés à au moins un cancérogène chimique, alors qu’ils ne constituent que 29 % de l’ensemble des salariés. Cette exposition concerne en priorité les ouvriers qualifiés (35 % d’entre eux), puis les ouvriers non qualifiés (17 %). Parmi les quatre grands secteurs d’activité, celui de la construction est le plus concerné, avec 36 % de ses salariés exposés, suivi de l’industrie (18 %), de l’agriculture (12 %), et du tertiaire (8 %). C’est essentiellement parmi les ouvriers qualifiés de la réparation automobile, du formage de métal, de la maintenance, puis du gros oeuvre du bâtiment que l’on retrouve la plus grande proportion de salariés exposés.

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