Martine, 62 ans, ancienne infirmière aujourd’hui à la retraite, vient de voir son cancer du sein être reconnu comme maladie professionnelle. La jeune retraitée avait travaillé au service de cardiologie et au service de gynécologie du CH de Sarreguemines de 1981 à 2009, avant d’être prise en charge pour son cancer. Là-bas, elle avait travaillé de nuit environ une fois par semaine, soit 873 nuits sur 28 ans, détaille France Bleu Lorraine Nord. Au cours des années, ce travail a perturbé son rythme biologique et hormonal, et notamment sa sécrétion de mélatonine, un anticancérigène naturel.

Lors de son "enquête-action", la CFDT avait diffusé des questionnaires dans des dizaines d’hôpitaux de Moselle et d’Alsace et constaté une récurrence des cas de cancer du sein chez les infirmières. Le compte-rendu de l’expertise confirme, quant à lui, l’existence du lien de causalité : "Son travail posté d’infirmière a pu contribuer à l’émergence du cancer du sein [sans toutefois] lui en attribuer la responsabilité complète".

Cette reconnaissance, bien que partielle, va désormais lui permettre à titre personnel d’avoir le droit à une indemnisation. Mais l’enjeu va bien au-delà : "Pour nous, c’est une grande victoire", se réjouit Josiane Clavelin, ancienne aide-soignante à l’hôpital de Freyming Merlebach et membre de la CFDT, qui suit ce dossier depuis longtemps. Cette décision est l’occasion de faire de la prévention sur les conditions de travail. "On souhaite aussi attirer l’attention de tous les responsables dans les établissements hospitaliers ou ailleurs, car il n’y a pas que le travail de nuit ou les rayonnements ionisants, il y a aussi l’exposition à l’oxyde d’éthylène ou à des perturbateurs endocriniens. On souhaite que ces risques soient plus étudiés en entreprise, dans les hôpitaux ou autres établissements ", détaillait Brigitte Clément, la secrétaire régionale de la CFDT mineurs de Lorraine, à France Bleu Lorraine Nord.

L’autre enjeu de cette décision de reconnaissance est, bien sûr, la possibilité qu’elle fasse jurisprudence pour les autres professionnelles de santé. Une vingtaine de dossiers devrait être prochainement instruits, tandis que trois autres, déjà rejetés, font l’objet d’un recours.

[Avec France Bleu Lorraine Nord]

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