Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025
 

Coordonner et structurer l'offre de deuxième recours, proposer une réponse adaptée aux besoins du premier recours, proposer une organisation qui permet de donner un avis spécialisé ponctuel aux soignants du territoire dans des délais réduits, sous la forme de téléexpertises ou de consultations... "Les équipes de soins spécialisés (ESS) représentent le chaînon manquant dans l'organisation des équipes territoriales, lance Jean-François Moreul, président de la FCPTS. Les médecins du premier recours avaient tendance à se tourner vers les groupements hospitaliers de territoire (GHT) lorsqu'ils cherchaient un parcours car les spécialistes libéraux n'étaient pas organisés... Et on ne savait pas vraiment comment les contacter, sauf à déjà les connaître individuellement." Mais pour le médecin généraliste à la MSP Bécon-les-Granits et président de la CPTS des Vallées de l'Anjou bleu, "maintenant qu'ils se structurent, nous pouvons envisager de créer des parcours ensemble". Pour autant, ajoute-t-il, "les CPTS doivent également s'organiser en inter-CPTS afin de proposer un niveau de dialogue identique, toujours en lien avec les GHT et les établissements privés".

Créées par la loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé, dans le but de structurer les parcours de santé, les premières ESS se sont déployées en étant financées par le Fonds d'intervention régional (FIR) des agences régionales de santé. "Leur création est une réponse à la demande des médecins spécialistes, explique Mickaël Benzaqui, sous-directeur de l'accès aux soins et du premier recours à la DGOS. Lorsqu'on a écrit le dispositif, on ne savait pas vraiment comment il allait se traduire sur le terrain... mais nous avons fait confiance aux acteurs du second recours." Les premières équipes ont vu le jour en cardiologie et en dermatologie, deux spécialités qui avaient déjà commencé à s'organiser pour apporter des réponses aux acteurs du premier recours, demandeurs de leur expertise. Et progressivement, elles sont parvenues à offrir cet accès aux spécialistes et à faire vivre cette coordination, notamment entre la ville et l'hôpital.

Une organisation propre à chaque ESS

L'intégration des ESS dans le champ conventionnel a été abordée dans le cadre des négociations conventionnelles de 2023 et s'est concrétisée avec la signature de la convention médicale en 2024. Désormais, pour obtenir des financements, elles doivent respecter le cahier des charges élaboré en concertation par la DGOS, l'Assurance maladie et les syndicats. Les missions socles à déployer impliquent, pour les spécialistes qui ont fait le choix de s'organiser en ESS, de contribuer à structurer l'offre de deuxième recours sur le territoire pour faciliter la collaboration avec les acteurs du premier et du troisième recours. Les ESS doivent également offrir une organisation permettant de donner un avis spécialisé ponctuel répondant à la demande des médecins traitants et des soignants du territoire dans des délais réduits sous la forme de téléexpertise (délai de réponse sous vingt-quatre à quarante-huit heures en moyenne) ou de consultations en présentiel planifiées sous deux à trois semaines environ.

L'organisation de cette réponse est propre à chaque ESS : certains spécialistes font le choix de bloquer des plages de consultation dédiées à cette activité ; d'autres prévoient des astreintes ; certaines laissent le choix aux spécialistes de répondre dès qu'ils le peuvent... Mais lorsqu'il est question d'organiser une consultation en présentiel, ils privilégient généralement la proximité géographique avec le patient. Enfin, les ESS ont pour mission optionnelle d'améliorer l'égal accès aux soins des spécialités, en termes géographique et financier, et de contribuer au déploiement des consultations avancées pour les soins de leur spécialité, notamment dans les zones d'intervention prioritaire (ZIP).

 

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