Patients
"L'ESS peut être perçue comme un maillon entre les premier, deuxième et troisième recours"
Comment l'équipe de soins spécialisés s'inscrit-elle dans l'écosystème local ? Cette coordinatrice de trois ESS bretonne parle de son expérience.
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Comment l'équipe de soins spécialisés s'inscrit-elle dans l'écosystème local ? Cette coordinatrice de trois ESS bretonne parle de son expérience.
Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025
"En région Bretagne, nous comptons environ 115 dermatologues ainsi qu'une vingtaine d'endocrinologues et de cancérologues libéraux", précise Johanne Chauvin Herviault, coordinatrice des équipes de soins spécialisés (ESS) Dermato Breizh, Endocrinologie Bretagne et Cancéro Bretagne, trois structures mises sur pied par l'URPS médecins libéraux de Bretagne (MLB) pour répondre à la problématique de ces spécialités "en forte tension". En 2023, l'URPS MLB avait ainsi lancé un appel à manifestation à la fin duquel trois projets "plutôt bien avancés" ont été sélectionnés. "Nous n'avions pas de cahier des charges, mais les projets ont été choisis car ils correspondaient à l'idée que nous nous faisions d'une ESS, précise la coordinatrice. Ils ont été accompagnés par une cheffe de projet et un médecin référent ainsi que par l'ARS pour la fédération et la structuration jusqu'à mon arrivée, en octobre 2024."
Selon Johanne Chauvin Herviault, il est important de rappeler "qu'une ESS doit être perçue comme un maillon entre les premier, deuxième et troisième recours" de par sa position centrale "au milieu de cet écosystème". Mais, attention, car l'ESS est une "nouvelle entité qui vient s'ajouter à des structures et organisations existantes et très fonctionnelles sur les territoires", poursuit la coordinatrice. Pour éviter les doublons et toute forme de concurrence, celle-ci a commencé par "établir un état des lieux des dispositifs, ressources, établissements et associations sur le territoire. L'idée était d'enclencher les échanges avec eux sur leurs champs d'intervention et leurs compétences dédiées mais aussi les actions déjà mises en place pour éviter de démultiplier les outils... Ce qui risquerait de rendre l'offre et le parcours illisibles et inaccessibles." Et tous les acteurs des différents échelons ont été impliqués : "le DAC, les CPTS, les établissements de santé, les réseaux régionaux", explique Johanne Chauvin Herviault. Objectif : "voir ce qu'il était possible d'apporter à ces partenaires, car l'idée est bien d'apporter notre expertise sur une spécialité tout en travaillant en complémentarité et en coanimation".
Pour fonctionner, les trois ESS sont constituées de différents collèges définis par chacune d'entre elles en fonction des membres (médecins libéraux spécialistes, professionnels de santé libéraux, salariés spécialistes, structures d'exercice coordonné, associations de patients, établissements de santé). Tous ces professionnels "peuvent adhérer à l'association, ce qui permet d'avoir une représentativité des différents acteurs même si notre gouvernance est par essence majoritairement aux mains des libéraux". Actuellement, seule l'ESS Dermato Breizh "est déployée à l'échelle régionale car les dermatologues qui y adhèrent avaient déjà créé en 2021 le réseau régional OncoBreizh Télédermato, qui propose de la téléexpertise en cancérologie cutanée", précise-t-elle. "L'ESS Dermato Breizh a donc absorbé OncoBreizh. Le parcours et le maillage étaient déjà établis, nous ne partions pas de zéro, contrairement aux autres ESS."
L'ESS Cancéro Bretagne, elle, a démarré "à l'échelon des territoires de santé et, depuis juin dernier, nous couvrons les Côtes-d'Armor et l'Ille-et-Vilaine, avec l'adhésion de l'ensemble des radiothérapeutes et des oncologues de ces deux départements", rapporte Johanne Chauvin Herviault.
L'ESS Endocrinologie Bretagne, quant à elle, couvre le territoire d'Ille-et-Vilaine. "Cette régionalisation n'est pas toujours évidente, confie la coordinatrice. Les pratiques et les besoins dans les territoires sont vraiment très différents. Dans notre approche, que cela soit au niveau du projet de santé, de la fédération, de la mobilisation ou de l'implantation, on essaie vraiment de réfléchir à cette stratégie qui pourrait nous permettre d'intégrer le maximum de professionnels, d'acteurs et de répondre aux besoins des territoires."