Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025
 

L' ESS en psychiatrie de Caen n'est pas encore sur les rails. La lettre d'intention n'est pas rédigée. Le projet de santé non plus. Pour autant, l'idée est bien présente. "Nous en sommes au stade de la mobilisation des professionnels de santé", explique Olivier Oursel, psychiatre à Caen et vice-président de la CPTS Caen Couronne. Installé en libéral depuis 2015, il a auparavant exercé en secteur hospitalier et jouit d'un réseau sur le territoire. "Nous disposons d'une bonne offre de soins, car nous sommes 35 psychiatres à Caen... Mais les délais de rendez- vous peuvent être longs et ne sont pas toujours adaptés, soutient le médecin. Nous ne parvenons pas toujours à prioriser les demandes." Les spécialistes souhaiteraient donc organiser une réponse aux soins qui soit graduée. "On le fait d'ailleurs déjà de manière informelle lorsqu'on reçoit des demandes de médecins généralistes", indique-t-il.

Cette réflexion prend forme au sein de la CPTS, qui a mis en place un groupe de travail dédié à la santé mentale, afin de réfléchir à la coordination ville-hôpital, aux parcours et au déploiement de l'équipe de soins spécialisés, avec notamment un enjeu autour de la prise en charge des jeunes adultes. Parmi les membres : le président de la CPTS, médecin généraliste, les psychiatres et prochainement le chef de pôle du secteur du centre hospitalier de Caen ainsi que les praticiens hospitaliers des urgences, pour travailler à une coordination plus efficace en vue d'une meilleure orientation des patients. Pour le moment, il n'y a pas encore les 10 psychiatres libéraux nécessaires pour créer une ESS. Impossible, donc, de déposer une lettre d'intention. "Nous menons ce travail de rencontre afin d'identifier les confrères qui pourraient être intéressés et travailler de manière coordonnée pour une efficience des soins et des parcours", explique Olivier Oursel. Ce travail de mobilisation est finalement le plus chronophage, glisse-t-il.

 

Première étape : la téléexpertise

En parallèle, les quatre psychiatres rassemblés au sein de la CPTS ont déployé, le 1er novembre dernier, un groupe de téléexpertise, afin de répondre aux demandes d'avis des médecins généralistes. "Il s'agit de la première étape du cheminement vers l'ESS, souligne-t-il. Car nous pouvons ainsi commencer à travailler ensemble tout en continuant à agréger des professionnels de santé volontaires lorsqu'ils se manifestent." L'offre est accessible aux médecins de la CPTS "qui porte le projet en tant qu'incubateur et finance le logiciel Omnidoc le temps du lancement", informe le médecin. Pour le moment, les médecins peuvent effectuer une demande générale au réseau et le premier psychiatre disponible y répond, ou adresser une demande nominative. Le spécialiste peut être amené à proposer une consultation si besoin, mais ce n'est pas systématique. "À terme, notre objectif serait de nous organiser selon les compétences et les surspécialités de chacun."

Pour mener cette mission, le groupe de travail est soutenu par la CPTS, qui met un local et des ressources à disposition pour l'organisation des réunions. Les psychiatres du territoire y sont conviés afin de suivre l'avancée du dossier. "On explique les avantages de l'ESS pour les professionnels de santé, l'intérêt de travailler en équipe, de prendre des temps pour discuter de situations, mais ils craignent que cela leur ajoute une charge de travail supplémentaire ou les engage... Il faut faire de la pédagogie. C'est pour cette raison qu'on prend le temps nécessaire pour leur montrer que ce n'est pas si contraignant et que plus nous serons nombreux, moins la contrainte éventuelle pèsera. La CPTS peut être le terreau sur lequel nous appuyer, car il faut certes un leader, mais la dynamique doit être portée par tous."

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